Extrait du journal

Barcelone, août 1941 De Cordoue à Barcelone quel contraste ! J’ai parcouru l’espace et le temps, changé de continent et d'époque. Je retrouve ici la capitale moderne, ses bruits, sa fièvre, ses splen deurs. Si je veux découvrir des traces de la guerre, il me faut les chercher assez loin autour du port dont les bateaux coulés ne sont pas tous renfloues ou démolis, devant les murs calcinés du Cuartel de Atarazanas et de Sainte-Marie-de-la-Mer. Mais, Barcelone, vit intensément malgré l’été qui brûle. La fameuse l'Iace de Catalogne est un kaléidoscope géant où mille couleurs mouvantes s’entremêlent, se transforment à perpétuité: vête ments clairs des hommes, toilettes féminines légères et audacieuses dans le grouillement des crieurs de journaux, des cireurs de souliers des vendeurs de loterie. Aux terrasses des cafés, il est difficile de découvrir une chaise et une table libres pour s'y faire servir le sorbet au citron, la glace à la vanille, la carafe d’eau frappée. Un ami catalan m’accompagne. Il a déniché une brasserie où l’on sert de la vraie bière (boisson...