Extrait du journal
L’Habitude est une seconde Nature Quand on parle d’interdire au Parlement le vote par procuration, on s'imagine qu’il est question d'exiger des représentants élus la présence réelle en toute occasion et dès lors on s’imagine que les députés feraient sur leurs bancs figure de ces élèves bien sages qui ne s’absentent jamais, même pour un urgent besoin, sans avoir levé le doigt et obtenu la permission du magister. Quelle erreur 1 On demande tout simple ment aux députés de ne pas voter pour les absents en matière de vérification de pou voirs contestés, d’augmentation d'impôts et d’adoption de crédits supplémentaires ou de l’ensemble du budget. C’est peu de chose et il parait que c’est déjà énorme. En effet, l’habitude de voter pour les amis a été si bien prise au Palais-Bourbon qu’elle est devenue une seconde nature. C’est à ce point que certains députés, au moment d'émettre une opinion, sont bien en peine d’en avoir une et se la font prêter par un collègue obligeant. Une remarque curieuse, à ce propos. Le vote pour les absents est en somme assez récent dans nos annales parlementaires. C’est à mesure que les députés ont été mieux payés qu’ils se sont plus allègre ment éloignés du chantier législatif. Grévy paraît antidiluvien, pour avoir déclaré, en 1875, que « l’usage du vote par procuration doit être prescrit ». Sous les régimes, dits d’oppression, du moins on votait soi-même, autant que possible. Il est vrai que la tendance au remplacement s’accusait déjà. Le président Dupin pro testait, en 1850, contre ce qu’il regardait comme une fraude. Du haut de son fau teuil il lançait : « Les huissiers se plaignent de ce que, malgré eux,des membres mettent dans l’urne du vote plusieurs bulletins ; je dis à ces agents de l’Assemblée qu’ils ont mission de résister à une pareille manière de voter et que je les soutiendrai de tout mon pouvoir ! » Les présidents successifs n’ont pa$ eu tous cette sévérité et, au contraire, ont accordé une licence qui est peu à peu de venue un excès. Les Assemblées de la Révolution, de la Restauration et du gouvernement de Juil let ne connurent pas cette pratique. Lors qu’on avait un bulletin à déposer on le fai sait en personne et chacun estimait que c’était de la plus élémentaire probité parle mentaire. Mais c’étaient les temps de l'obscuran tisme. Les assemblées d’à-présent consi dèrent assez le voté d’une loi comme un enterrement ennuyeux. Ils disent, ou à peu près, à leurs collègues assidus aux séances: — Vous signerez pour moi. Et ce qui caractérise le procédé, c’est que, là du moins, les absents n’ont jamais tort. Si on leur reproche leur vote, ils répondent qu’on a abusé de leur candeur ; si on les en félicite, ils s’en attribuent tout le mé rite. — E. Thomas....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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