Extrait du journal

— Tu es bête, tu me fais répéter constam ment la même chose. Des fournitures, oui ; un peu d’argent de po che. à la rigueur, encore oui ; une somme importante, jamais! — Diable! diable ! diable ! va falloir que je me creuse le ciboulot à chercher un truc, parce que, vois-tu, le jour de l’échéance, il faut que le billet soit retiré... Sinon, gare à la casse... il ne plaisante pas avec ces choses-là, M. le duc. — 11 plaisante d’autant moins, répliqua Saint-Vallier que le pauvre homme serait bien en peine de m’apporter une aide quel conque. Si nous ne nous entendons pas, c’est de ma faute, il m’agace avec sa vertu, d’accord ; n’empêche qu'il est autrement trempé que sa mauvaise graine de fils. Tant qu’il a pu, il a payé pour moi ; aujour d’hui, que faire? On ne peut pas tondre un œuf ! — Sa maison ? son château, veux-je dire? n’y aurait-il pas moyen de l’hypothéquer ? François fit entendre un éclat de rire stri dent qui résonna de façon bizarre dans le si lence des bois qu’on traversait. — Son château ! Ah 1 ah ! ah ! si tu le voyais, mon pauvre vieux, ça te ferait pitié ! Son château, comme tu dis, n’est qu’une vieille bicoque, une an cienne dépendance du domaine ancestral,dans laquelle il s’est retiré avec les quelques ar pents de terre qui l’entourent. Ça vaut... mettons vingt mille francs, pour être large, et par-dessus le marché ça ne lui appartient pas. — Ah! je croyais pourtant? — se récria Maubreuil positivement estomaqué. — Dans le pays tout le monde suppose que mon père est encore le propriétaire des Ron ces. parce que la chose s’est faite sous le manteau. La vérité, mon vieux, c’est qu’il en a seule ment la jouissance.,...