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Le Petit Marseillais, 17 août 1909

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Le Petit Marseillais
17 août 1909


Extrait du journal

soit qu’il espère, en laissant libres ceux qu’il épargne, découvrir par eux de plus grands coupables ; soit enfin qu’il les ait enrôlés déjà parmi sa légion d’espions et de délateurs en exploitant leur misère et l’effroi que leur inspire la perspective d’une longue captivité. Quant à la manière dont il s’assure leurs services, elle est toujours la même. Un homme est-il jugé dangereux ? Est-il compromis par son passé, par ses impru dences ? Est-il soupçonné de conspirer ? On n’attend pas d’avoir des preuves pour l’arrêter ; on s’assure de lui ; on l’envoie au Temple-ou à la Force. Avant de le dé férer aux tribunaux, avant même de l’interroger, on le met au secret et on le laisse oublié, sans que, le plus sou vent, il sache pourquoi il est arrêté. Les jours, les semaines, les mois s’écoulent et se succèdent sans qu’il voie d’autre vi sage que celui du geôlier qui lui apporte, dans le cachot infect où il croupit, sa maigre pitance. La solitude, le manque d’air et d’es pace, la peur que lui cause l’ignorance du sort qu’on lui réserve, détruisent sa santé, débilitent son âme, obscurcissent sa raison et le disposent à toutes les dé faillances, à toutes les lâchetés. Les dos siers de ces malheureux, conservés aux Archives, sont formés en partie des let tres lamentables qu’ils ont écrites pour demander grâce. Que ne font-ils pas dans l’espoir d’échapper au dernier sup plice et de revoir la lumière du jour ? Ils se lamentent, ils implorent, ils protes tent de leur dévouement et, afin de prou ver qu’ils sont sincères, ils offrent de faire des révélations. Souvent ils en font sans attendre qu’on leur en demande. Quand ils n’ont rien à dire, ils inventent. Ils racontent des complots imaginaires, dénoncent des innocents. Mais la police est habile à dis tinguer le faux du vrai ; elle sait vite à quoi s’en tenir ; elle reste silencieuse en vers ceux qui mentent et enrôle à son service ceux qui ont dit la vérité, à moins qu’elle ne juge qu’ils sont trop criminels ou trop dangereux pour être épargnés,...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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