Extrait du journal

cette supériorité ne lui sert pas à grand’chose, parce qu’elle n’a aucune influence sur l’empereur qui suit le programme qu’il s’est tracé, sans se laisser dévier de sa route par personne. Au fond, l’empereur est très pacifique. Tou tes ses rodomontades d’autrefois n’avaient pour but que d'assurer la paix. Il remplissait un peu le rôle de ces diables que l’on fait sor tir tout à coup d’une boite pour épouvanter les enfants. C’est ainsi qu’il effrayait la France. Il est trop avisé et trop intelligent pour ne pas se rendre compte que son empire se dévelop pera formidablement dans la paix. Une guerre — la guerre anglaise qu’il redoute — mettrait son existence en question. Il a eu recours à toutes les ruses pour l'éviter. C’est ce qui explique, aujourd'hui, le redoublement d’amabilité dont il accable. Nicolas II. Mais, en réalité, le meilleur atout de son jeu, c’est la pusillanimité de la France. Si celle-ci fai sait mine de vouloir suivre l’Angleterre jus qu’au bout, il tremblerait. Et que l’on ne croie pas que le mot est trop fort. L’empereur est un nerveux qui frémirait cl'avoir à entrer en cam pagne, et quelle campagne que celle qui met trait aux prises avec l’Allemagne l’Angleterre et la France ! A ce point de vue, il ressemble à son grand-père Guillaume I", dont il se plaît à rappeler constamment la mémoire. Il est à remarquer, en effet, que, dans toutes les guer res que Bismarck lui a fait entreprendre pour aboutir à l’unification de l’Allemagne, il a dû forcer la main à ce souverain, dans la guerre des Duchés en 1864, dans la -guerre de 1866 contre l’Autriche, comme dans la guerre de 1870, qu’il rendit inévitable en envoyant à tou tes les chancelleries européennes un document qu'il avait falsifié d’une manière outrageante pour la France....