Extrait du journal

pauvre grand homme se faufilait pour gagner la campagne, quand, ayant dé couvert sa retraite, un créancier trop en têté s’acharnait à sa sonnette. Ainsi se troublait parfois le travail prodigieux de cet esprit si fécond et si infatigable. Une société de littérateurs et d’artistes, qui s’est fondée sous le titre de Société des Amis de Balzac, a eu l’excellente idée de prendre cette maison et d’y installer une sorte de musée balzacien, analogue à ce qui a été fait, place des Vosges, pour la mémoire de Victor Hugo. Grâce à cette société, cette maisonnette ne sera pas englobée parmi les démolitions de ces embellisseurs impitoyables, qui n’auront pas de cesse avant d’avoir ef facé toute notre histoire et remplacé tout notre admirable passé par leur présent nauséabond. Déjà de nombreux visiteurs affluent, parmi lesquels on remarque sans étonnement beaucoup d'étrangers, nos gloires étant souvent plus appréciées en d’autres pays que dans le nôtre. De longues et patientes recherches, dues principalement à son conservateur, M. de Royaumont, ont enrichi ce musée et vont se compléter après l'inauguration officielle et l’appel fait à une manifes tation nationale. Nous n’y aurons point, malheureusement, les manuscrits de l’écrivain, qu’il a légués à l’Institut, et que l’Académie française, dont il ne fut point membre (il s’en console avec Mo lière), a placés au château de Chantilly. Mais d’autres souvenirs intéressants y seront entassés et la maison elle-même évoquera de chers fantômes. Minuscule comme la maison de So crate, plût à Dieu, aurait-on pu dire d’elle, que de vrais amis elle fût rem plie ! Elle n’en abondait pas quand l’homme vivait. A présent qu’il est mort, on ne saura plus où les mettre. HENRY MARET....