Extrait du journal

combien je t’ai aimée, combien je t’aime, combien je voudrais t’aimer encore ! 11 appuya si fortement ses lèvres sur le front de la petite fille qu’il la fit crier, ce qui, malgré son bon cœur, ne lui donna aucun remords. Le retour au château fut silencieux et triste. Le docteur se reposait de ses voyages, pour être pour promptement disposé à recommencer. M. de Sabaillan se laissait aller à la tentation énervante de cette faiblesse physique et morale qui l’avait surpris ; il portait en lui une effroyable douleur, mais il ne la remuait pas, ne voulant pas en mou rir avant l’heure et bien persuadé qu’il en mour rait. Antonie rêvait, avec un faible et permanent sourire sur les lèvres, pour dissimuler le fond de sa rêverie à son mari, mais en réalité avec une crainte nouvelle. Elle passait d’une épreuve à une autre plus compliquée. Cacher à son mari la faute de Céline, c’était beaucoup; mais ce n’é tait plus rien à côté de cette tâche, autrement délicate et périlleuse, d’amener Céline à la sou mission, au repentir, à la pudeur. En arrivant au château, lo comte parut sortir de la somnolence de son voyage. Il voulut tenir un petit conseil de famille avec sa femme et le docteur. Tout d’abord, il exigea qu’Antonie lui confiât tout ce qu’elle savait de la séduction. Comment ce malheur était-il arrivé ? Antonie ne put que lui répéter les confidences reçues de Céline. Elle feignit de croire elle vou lut se persuader que, si elle avait accompagné sa fille chez Mme de Marval, elle eût pu deviner le danger, le conjurer. Ce n’était pas de sa part de la présomption, de la vanité. Elle avouait, en même temps, qu’elle avait des reproches à s’adresser. Elle eût dù mieux connaître le caractère de son élève, pré voir l’éblouissement d’un âme jeune, étourdie, printanière....