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Le Petit Marseillais, 18 mars 1885

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Le Petit Marseillais
18 mars 1885


Extrait du journal

toute la journée assis ou plutôt étendu par un grand fauteuil, étonné de garder la chambre, se levant par soubresauts pour descendre , pour sortir, mais retombant bientôt dans l’énervement d’une douleur morale contre laquelle il était sans ressource, n’ayant jamais rien subi de pareil. Il essayait d’interroger sa femme, pour se pré parer peut-être à interroger sa fille. Mais les réponses d’Antonie ne lui servaient pas. Elle n’avait rien su, rien vu, que quand Céline avait été contrainte aux aveux. A travers sa douleur, sa colère, sa honte, le colonel sentait s’agiter une peur confuse. Si sa fille allait lui dire : — Tu n’as pas le droit d’être sévère ! — Si M. d’Ambreville, qu’il avait rencon tré chez Mme de Marval, avec qui même il avait été en rivalité de coquetterie auprès de la jolie veuve,lui répondait Vous avez été mon maître! Cette pensée lui donnait le frisson. Il ne voulait pas s’arrêter à cette expiation fatale de sa vie lé gère. Que deviendrait-il si, dans un malheur sem blable , il ne pouvait accuser personne ? C’était bien assez des remords de la veille,des jours pré cédents ! Cette douce et touchante figure de sa femme, qui s’offrait naïvement pour supporter les repro ches, l’accablait. Il se tuerait plutôt que de lais ser une responsabilité à An tonie, et il prévoyait qu’il serait accablé, si Antonie ne partageait pas la responsabilité du désastre qu’on voudrait lui attribuer. Vers le soir, il fut pris de la fièvre. Malgré le désir qu’il avait manifesté plusieurs fois, d’une façon presque impérieuse, d’attendre Céline, de ne pas se coucher, avant qu’elle fût arrivée,d’être debout pour l’interroger, il finit par céder, autant a l incitation de son malaise qu’aux douces in jonctions de sa femme. Il se mit au lit, en faisant promettre qu’on l’avertit dès que le docteur Vernon et Céline seraient arrivés....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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