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Le Petit Marseillais, 17 mai 1898

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Le Petit Marseillais
17 mai 1898


Extrait du journal

UNE ÉLECTION Plusieurs lecteurs du Petit Marseillais veulent bien me reprocher d’avoir, en ces lerniers temps, trop discrètement use de la cordiale hospitalité que m’offre cet excel lent journal. Quelques-uns même me blâ ment d’avoir abandonné la lutte contre les dreyfusards, au moment où elle était le plus vivement engagée devant le suffrage universel. Ces reproches me touchent, et j’oserai lire qu’ils me plaisent, parce qu’ils témoi gnent une sympathie sincère, qui m’encou rage et m’excite au bon combat. Je ne veux pas cependant qu’on puisse croire que j’ai déserté le poste d’honneur, et que j’ai con sacré au loisir le temps que j’ai dérobé à une si agréable collaboration. Si pendant quelques semaines j’ai laissé reposer ma plume, c’était pour me dévouer à l’action. Il y a des heures où les actes valent mieux que les paroles. Des électeurs sont venus me dire que les sans-patrie ou les dreyfuslstes, c’est, tout un, levaient leur drapeau ignominieux dans la 2e circonscription de Saint-Denis-, et que, dans ce milieu travaillé par les révolutionnaires, la défaite de la bonne cause était certaine , si un républicain patriote ne se présentait pour opposer les trois couleurs au drapeau rouge devenu le signe de ralliement de tous les interna tionalistes. j’avais refusé des candidatures moins difficiles et moins périlleuses: dans la Dor dogne, où l’on voulait bien se souvenir que j’avais commandé un régiment ; au Sénégal ou j’ai fait mes premières armes et contri bué à l’extension de la colonie ; dans le Finistère, ma patrie ; dans les Ardennes, où l’on garde la mémoire de Bazeilles, et enfin dans deux circonscriptions de Paris. Je ne me souciais guère do me mêler à la poli tique quotidienne, de vivre au milieu des intrigues do couloir. Ce n’est pas que Je dédaigne le travail législatif, le plus noble de tous, le plus utile à la patrie, s’il est accompli dans un esprit de dévouement et d’abnégation. Mais je ne tenais pas à me voir confondu au milieu d’ambitions con currentes, et je serais, sans doute, resté au repos si l’on ne m’avait présenté un champ de bataille qui m’a séduit. Il ne s’agissait pas d’opposer telle nuance républicaine à telle autre, de disputer sur des pointes d’aiguille, de chicaner sur des programmes, de s’enrôler d’avance dans tel ou tel groupe. On ire demandait d’atta quer l’hydre internationaliste en un de ses repaires. En vain des amis prudents me disaient que je courais à un échec ; la cause était noble et belle; l’appel était pressant : le devoir commandait. J’ai répondu : « Présent et bon pour le service ! » Vous savez ce qui est arrivé : mon nom est inscrit le second sur la liste des candi dats en ballottage avec un chiffre de i,35i suffrages, et pour combattre les 9,000 voix du révolutionnaire, j’ai le droit de compter sur les 8,000 électeurs ayant éparpillé leurs votes, mais tous ennemis des sans-patrie. Si le socialisme interna tional et dreyfusiste n’est pas encore vaincu, U est fortement entamé. Mais ce que je veux ici, ce n’est pas recommander ma candidature, c’est traiter mie question générale, c’est raconter une histoire vécue, c’est indiquer la marche à suivre pour arriver à combattre et à vain cre nos pires ennemis, à Marseille aussi hieti qu’aûleurs. Mon concurrent internationaliste n’a pas obtenu le tiers des voix dans cette circons cription réputée inabordable aux patriotes. Or, il est certain que tous ses partisans ont foitun effort désespéré en sa faveur. Ceux Wi conspirent contre la patrie ne s’abs tiennent pas. Il n’y a pas de négligents parmi les haineux. Nous avons donc pu, à Saint-Denis, faire le dénombrement total de l’armée révolutionnaire, de la horde des sans-patrie. Avons-nous pu faire aussi le dénombrement complet des braves gens, des citoyens honnêtes et paisibles? Hélas ! bon. Un tiers environ manque à l’appel. Tandis que pour la plus sainte des causes le sacrifiais mon repos, mes intérêts, un uevsdeceux pour qui je combattais n’ayant,...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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