Extrait du journal

L’orage crevait, la pluie tombait à torrents, la foudre grondait. Quand elle entra au salon, Thiellay causait toujours avec le jeune homme. — Figure-toi , dit-ll à la comtesse , que Mathls faisait des façons pour nous rester jusqu’au soir!... Ne voulatt-il pas s’en aller, avant déjeuner, sous je ne sais quel prétexte d’un rendez-vous d’affaires à Azayt Et il sc mit à rire en frappant sur l’épaule do Mathis. — Heureusement, j'ai fini par le décider... Je lui ai fait comprendre combien cela paraîtrait étrange... de sa part... lui, un ami... un habi tué de nos parties de plaisir. Oh 1 je l’ai facile ment convaincu. La comtesse se sentait faiblir. Au lieu de cette Indifférence apparente, de cette Ironie qu’elle devinait malgré tout, sous les dehors affectés de ce grand calme et de ce détachement d’esprit, elle eût préféré cent fois un éclat de colère... un scandale... cela lui eût paru moins menaçant, moins terrible surtout. on passa dans la salle à manger. Le déjeuner fut très gai. Le comte n avait jamais ou tant d’entrain. Mathls resta sombre et mangea à peine. Il se devinait entouré d’abîmes et pourtant Il ne les voyait pas et ne pouvait rien faire pour leur échapper. L’orage dura longtemps. Vers trois heures, la pluie cessa. Mais il ôtait trop tard pour repartir en chasse. Le comte sortit un instant, consulta lo ciel. Les nuages se dissipaient, bousculés par un vent frais qui venait de se lever. Le ciel peu à peu redevenait bleu. Le soleil brilla. La cam pagne sentait bon. > - > En rentrant au salon, le comte aborda Ma thls : — Mathis, j’ai dans mes écuries deux che vaux que vous ne connaissez pas... Vous Ôte»...