Extrait du journal

attribuons à présent ; mais enfin les grands artistes avaient des protecteurs sérieux. Maintenant, l'art s’est démonétisé et il est devenu un jeu de hasard pour les agioteurs du talent et même du génie. Cela consiste ù acquérir ù vil prix de la peinture et à savoir attendre. Moins il a acheté cher et plus c’est amusant, pour un collectionneur, de constater la hausse dont bénéficient les œuvres qu’il a emmagasinées. D’ailleurs, il n’est pas nécessaire que ce bénéfice s'étende ù l'auteur. On peut même dire : au contraire. Savoir que Corot, Millet et d’autres princes de ht palette ont vécu et sont morts dans la gêne et noter que leurs toiles peuvent atteindre un demi-mil lion. c'est le fin du fin. Quand l’artiste est décédé, il n’y a plus de remède à cette injus tice ; mais s'il a laissé des enfants dans la misère, vous avez le dessin de Forai h dans sa cruelle vérité. Un littérateur, un auteur dramatique pourront attendre le jugement public et toucher des drv.ts d’auteur proportionnés aux succès ultérieurs : le peintre, non : il doit vendre pour vivre et. dès l'instant qu’il abandonne son œuvre pour un morceau de...