Extrait du journal

M. de Lanessan a déposé, la semaine der nière, sur le bureau de la Chambre, une pro position invitant le gouvernement à sou mettre le plus tôt possible au Parlement un projet d’accroissement du programme naval actuellement en cours d'exécution. A ce pro gramme, qui ne comporte que vingt-huit cui rassés de ligne, M. de Lanessan demande que l'on ajoute huit autres cuirassés, d un type au moins aussi puissant et aussi perfectionne que celui des cuirassés les plus puissants et Les plus perfectionnés des marines étrangères ; et comme leurs aînés, les nouveaux bâtiments devront être achevés avant 1920. La proposi tion de l’ancien ministre de la marine sera très favorablement accueillie dans les milieux militaires où,depuis plus de trois ans,on ne se lassait de déplorer l’insuffisance du pro gramme naval élaboré par notre amirauté, et nous ne doutons pas que la Chambre lui ré serve également bon accueil, ainsi qu’au pro jet de loi qui fera suite. A l’époque où fut commencée la construction des Danton, on pouvait se contenter d’un programme que des exigences budgétaires commandaient de ré duire au strict nécessaire ; mais, aujourd’hui, trop de faits montrent l'insuffisance de pro gramme pour que le pays hésite a réclamer son extension et n'accepte lias avec une rési gnation patriotique les sacrifices qui lui se ront. demandés à cet effet. Nous ignorons, pour le moment, sur quelles considérations s'est, basé M. de Lanessan pour justifier sa motion, mais nous sommes per suada quelles doivent être des plus judicieu ses et des plus péremptoires, car il n'a eu que l’embarras du choix. Est-ce que, par exemple, la nécessité de concentrer tous nos bâtiments do ligne dans la Mediterranée pour constituer une force navale à peu près égale aux forces navales de nos adversaires éventuels dans cette même mer ne démontre pas l’urgence d'ajouter encore quelques unités de combat aux unités de nos escadres de première ligne ? Quoi qu'on en ait dit et de quelle façon que l'on envisage la défense de la Manche et du Pas-de-Calais, avec ou sans le concours de nos voisins et amis, il n'en est pas.moins vrai que, à l'heure actuelle,nous sommes obligés de nous en remettre à nos flottilles de torpilleurs et de sous-marins pour protéger tout le littoral fran çais qui s’étend de Dunkerque à Bayonne ; car distraire de l’armée navale, placée sous le commandement de l'amiral de Lapeyrère, une seule division de cuirassés serait l’affaiblir au point de compromettre le succès des opéra tions militaires quelle pourrait être appelée à entreprendre dans la Méditerranée. En réalité, en dehors de cette armée navale, dont une des trois escadres attend déjà son remplacement par une escadre plus moderne, nous ne pouvons disposer d’aucun cuirassé de première ligne pouvant faire figure à côté ou en face des cuirassés modernes des mari-...