Extrait du journal

C’est le grand char triomphal de l’Assomp tion de la Vierge. D’abord, les douze apôtres, figures par de jeunes garçons, et groupés autour de la Vier ge, étendue sur un lit orné de riches étoffes. Parmi des nuages en bois peint tourne un énorme soleil jeune aux rayons duquel s’ac crochent des enfants, qui représentent les ver tus théologales, les anges, les astres. Une autre plate-forme est occupée par la lune et les étoiles. La machine est composée de qua tre plates-formes ayant chacune son allégorie, lesquelles tournent au mouvement de roues horizontales dont les engrenages sont mus par des roues verticales. La lune, le ciel, les étoiles se meuvent à la fois, en sens inverse, sous l’action de rouages cylindriques. Des gazes, des cristaux dissimulent la charpente en haut de laquelle se tient le Père Eternel, à une hauteur de plus de vingt mètres au-des sus du sol, recevant dans ses bras la Vierge ressuscitée. Dans les rues disparues sous des avalanches de fleurs et de verdure, sous les arcs de triomphe, l’immense machine pavoisée s’avançait, lentement, traînée par cinq ou six,cents personnes attelées à des cordes. Tout le clergé suivait, en grand costume. Derrière le clergé, les cohortes intermina bles des Pénitents blancs, eu robes, la tête disparue sous la cagoule où deux trous seule ment étaient ménagés pour les yeux, et qui, tous, tenaient un cierge à la main... Les Pénitents marchaient en file indienne, dsl chaque côté de la rue, en quittant la place du Dôme, où s’était formé le cortège, mais la cohue, au bout d’une heure ou deux, avait mis du désordre dans les rangs et. le peuple, hom mes et femmes, en avait bariolé la régularité symétrique avec ses costumes pittoresques, les uns riches et élégants,les autres en guenil les. Les associations de Pénitents finissaient par marcher en groupes, précédés de leurs directeurs. Eu tête des Frères blancs, un homme dont...