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Le Petit Marseillais, 19 août 1877

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Le Petit Marseillais
19 août 1877


Extrait du journal

toute catégorie peuvent bien arrêter un mo ment leurs affaires ou leurs plaisirs pour laisser passer la justice de leurs semblables, pour réfléchir au moins quelques minutes sur le redoutable problème que soulève ce cou peret triangulaire tombant sur le cou d’une créature humaine. Certes, il serait plus commode, plus simple et peut-être-plus humain pour le condamné, dont on allonge inutilement l’agonie par une foule do prélimiaires,plus barbares que l’exé cution elle-même, d’adopter le système an glais : l’exécution dans la prison. Quelques minutes avant l’heure suprême, on vient chercher le condamné, on n’a qu’une porte à lui faire franchir, on le place sur la machine... et c’est fait! La foule dans ce cas ne pouvant ni voir, ni entendre, ni même se douter du moment précis de l’exécution reste chez elle ; elle n’apprend que par les journaux, que tel jour, à telle heure on a exécuté tel criminel. Le scandale ici est évité, mais l’exemple ?... l’exemple, qui fait presque la seule raison d’être de la peine de mort, où est-il ? L’expiation est terrible de toute façon, mais enfin comme c’est aux autres, et non à celui qui vient d'être envoyé dans l’autre monde» qu’il faut que la leçon profite, on se demande si cette leçon, rapportée seulement^ par les journaux, peut être aussi profitable que si elle était donnée en public. Et puis,cette exécution à huis clos n’a-t-elle pas quelque chose de contraire à la dignité de la justice ? Cette façon de tuer un criminel entre les quatre murs de là cour d’une prison comme on saignerait un boeuf à l’abattoir, n’a-t-elle pas quelque chose de plus hideux encore, de plus anormal avec l’état de notre société, que l’exécution publique, d’une tra gique grandeur, pratiquée par nos pères ? De toute façon,les exécutions capitales s’ac complissent dans des conditions qui ne satis font complètement ni la morale, ni l’huma nité ; elles soulèvent un problème des plus graves, qui mérite autre chose que les para doxes avec lesquels les abolitionnistes et les non-abolitionnistesletraitentdepuisun demisiècle, sans lui faire faire un pas....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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