Extrait du journal

Notre siècle aura certainement beaucoup de titres à l’admiration de la postérité, île serait-ce qu’à cause des progrès Immenses qu’il a réalisés dans toutes les branches de l’industrie ; il faut reconnaître cependant que certains de ces progrès lui vaudront peut-être un Jugement sévère de la part de nos descendants le jour où, par une évolu tion inévitable, ils reviendront aux pro duits naturels et abandonneront ceux par lesquels une science trop perfectionnée a essayé de les remplacer. Nous sommes, en effet, dans le siècle des falsifications à outrance ; nous ne voulons pas, bien entendu, faire ici la nomenclature de toutes les transformations que la chimie moderne a fait subir aux matières répon dant aux besoins ou aux goûts de l’huma nité ; la liste en serait trop longue, depuis les vins fuschinés jusqu’aux rondelles de mérinos avec lesquelles, à ce que l'on pré tend , certains charcutiers remplacent les truffes pour satisfaire une clientèle assurément peu exigeante. Nous voulons seulement signaler une nouvelle fraude, assez peu connue du public, quoique se pratiquant sur une très vaste échelle. Nous sommes d’autant plus à l’aise pour en parler, qu’elle ne s’exerce encore, pa raît-il, que de l’autre côté de la Manche, et que toute la question est de savoir si les industriels français doivent l’imiter pour lutter à armes égales avec les grands in dustriels anglais sur les marchés étrangers. Il s’agit des cotonnades fabriquées en An gleterre par quantités si considérables qu’on peut presque dire qu’elles couvrent le monde entier, ou du moins la plus grande...