Extrait du journal

Le chevalier souligna le mot déterminé. — Est-ce que le détail, demanda le Vosgien en souriant d'un air louche et sinistre, consisterait à oublier la femme dans l’eau jusqu’à complète noyade? — Oh ! oh! dit le chevalier en riant, ie vois que vous ne reculez devant rien, vous? Et il se mon tra depuis ce moment de plus belle humeur. Ce que voyant, le vosgien dit en riant et en prenant confiance, — Quand on paie, je risque tout. — Alors nous allons nous entendre ! Et le chevalier montra, du doigt une chaise au galérien. Celui-ci s'assit, le chevalier en fit autant. Pendant quelques secondes ils se regardèrent tous deux hardiment ; ce fut le galérien qui baissa les yeux le premier. Ce petit chevalier qu’il avait considéré comme un gamin sans conséquence, paraissait mainte nant au Vosgien extraordinairement pris et fer me pour son âge. — Vous êtes... ? demanda le jeune homme. — Je suis un pauvre diable bon à tout faire ! répondit le Vosgien. — J'espère que vous faites partie de celte chaîne de galériens récemment évadés du cantonne ment d’Aubagne. Le Vosgien protesta que non. — Alors, dit le chevalier d’un air de dédain nous ne pouvons nous entendre. Les deux chanteurs m’avaient proîhis un galérien. Le Vosgjien qui examinait le chevalier par un coup-d’ofil rapide et sournois en dessous de ses sourcils énormes, remarqua cette nuance de mépris. — Allons, fit-il, puisqu’il faut l’avouer, oui, je suis galérien. — A la bonne heure ! s’écria le chevalier. Vous pouvez faire mon affaire. Puis en riant : — Voyez-vous, mon garçon, n’importe dans quelle caste le hasard vous jette, il faut être des premiers. Or, dans la société criminelle qu’est-ce qu’un smipie vagabond. Je vous prie ? Rien ! Un être informe, sans relief et sans puissance, qui voudrait, qui n'ose pas. Il n’y a pas à compter sur de pareilles espèces. Tandis qu’un galérien, c’est un hardi coqifin qui a fait ses preuves. — Je commande à dix-sept hommes dans la chaîné 1 dit fièrement le Vosgien....