Extrait du journal

Et d’une voix à peine distincte : — Laissez-nous, docteur... je vais mieux. Il faut que je parle A mon mari, sur-lechamp... • — Maisl.. fit le docteur qui hésitait... — Je vous en prie... laissez-nous... Tout à l'heure, je vous rappellerai. Flérlmont devinait quelque secret de fa mille, — secret redoutable ; — il avait trop de tact pour Insister. Il dit seulement : . . — Je me tiendrai là, prêt à rentrer au premier appel... Et il désignait la chambre voisine. En même temps il sortit. Le comte et Jeanne restèrent seuls. Jeanne se dressa dans son lit, et, lente ment : — Ainsi, c’est vous, Guy, qui m avez volé mes enfants ? — C’est mol ! — Misérable! Misérable! Etquen avezvous fait? — J’étais fou de colère, de douleur... Je voulais me venger, parce que je croyais avoir à me plaindre de vous... J’ai confié Jacques et Georges à Tolsoul, et Tolsoul les a perdus... l’un dans un des terrains vagues qui avoisinent le Père-Lachaise, à Paris, l’autre à Alger, sur les marches de la mos quée de la Pêcherie. La comtesse passa la main sur son front — Je rêve,dit-elle... où donc ai-je entendu cette histoire! — Vous l’avez entendu raconter par ceux qui en ont été les héros...par les victimes... — Mais qui donc? Je ne me rappelle pas! — Jeanne, dit le comte, Dieu n’a pas per mis que mon crime fût entièrement con sommé. il a été plus indulgent pour moi que je ne le méritais, il a permis que vos enfants survécussent à toutes les mlseres, il en a fait des êtres fiers et nobles, dignes...