Extrait du journal
lorsque le gouvernement et la Cham bre ne sont pas du même avis, c'est tou jours le gouvernement qui a raison ; lorsqu’ils sont d'accord, c’est qu’ils ont tort tous les deux et qu’ils font une sot tise. Dans cette affaire de la fixation de l’ordre du jour, le gouvernement a été battu, ce qui est naturel, puisqu’il demandait une chose raisonnable. Ce qui était contraire à la raison ayant triomphé, nous allons entrer à pleines voiles dans cet océan sans rivages qui s'appelle la discussion de l’impôt sur le revenu. Vous n’êtes pas sans avoir lu dans Rabelais la dispute de Panurge avec le philosophe, où tous deux échangent des pages de galimatias. 11 n’y a aucune rai son pour que cela finisse jamais, puis que personne n’y comprend rien. TeF va être le travail de la Chambre des députés, aussi résolue à pérorer que certaine de n’y rien comprendre. L’in cohérence va de nouveau briller d’un vif éclat. Il n’est pas un être sensé qui ne sache depuis longtemps que ces choses n’au ront point de fin. Et cela est fort heu reux, car la fin n’en pourrait être que lamentable. Le gouvernement l’avait compris et avait proposé de faire autre chose qui fut faisable. En cela, il méconnaissait l’esprit de la Chambre, qui tient d’au tant plus à travailler à une œuvre, qu’elle sait qu'il lui est impossible de l’achever. L’honneur d’avoir entrepris est tout pour elle. Elle ressemble à ce monsieur qui construisait une machine pour aller dans la lune. — Pensez-vous que vous y arriverez ? lui disait-on. — Jamais de la vie. Seulement, on me saura gré de l’avoir essayé. Elle ressemble aussi à celui qui fabri quait des diamants. — Il est vrai, disait-il, que je n’en fabrique point. Mais on croit que je peux en fabriquer, ce qui est identique ment la même chose. Il s agit simplement de convaincre le bon peuple français qu’il va être grevé d’un impôt nouveau, inquisitorial et •insupportable à ravir, ce dont ce bon peuple ne se sent pas de joie. Mais le point est de le promettre sans le don ner, car, tant qu’on le promet, le peu ple se dit : « Mon Dieu 1 que je serais donc heureux de payer davantage ! » 'tandis que, l’impôt une fois donné, ce même peuple s’apercevrait que payer, c’est fournir son argent, et cela le sur prendrait au point qu’il serait exposé à en faire une maladie. Nos parlementaires, qui sont chargés de veiller sur la santé du peuple, essaient donc de lui épargner ces émo tions violentes. « Tu y monteras au màt de Cocagne, » disent-ils, comme le bailli de Joconde. Seulement, comme ils savent que, au lieu d’y trouver la tim bale, le grimpeur dégringolera en se cassant le cou, ils vont consacrer le plus de temps possible à graisser le poteau. Aboutir n’est pas en leur pouvoir. C’est pourquoi le gouvernement son geait à d’autres occupations. « Vous avez, disait-il aux députés, le choix entre plusieurs travaux. Il en est qui ne valent peut-être pas le diable, mais que vous pouvez faire. Il en est un que vous ne pouvez pas faire. — C’est celui-là que nous choisis sons, se sont-ils écriés. Ils jouent, comme on dit, sur le velours. Ils savent bien que lorsque, pendant les années qui leur restent à vivre, ils auront tourné la meule, d’où E ■—— LA REINE HISERE...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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