Extrait du journal

LETTRE DE PARIS Correspondance particulière du Petit Marseillais. Paris, 19 avril. La lettre de M. de Chazelles est veue four nir un nouvel alimeut a la polémique des journaux de l’extrême gauche et des feuilles de la droite contre M. Ricard. Les uns ont prix texte de cette lettre pour reprocher à M. le ministre de l’intérieur d’avoir déplacé trop de préfets et de ne pas en avoir assez destitué, tandis que les autres s’empressent de louer la fermeté d’âme du préfet du Cantal. En réalité, M. Ricard est fort excusable d’avoir cru que ce fonctionnaire serait tout disposé, comme tant d’autres, à faire oublier dans les Hautes-Pyrénées les souvenirs de son administration dans le Cantal, et qu’ils n’hésiterait pas à servir la République. En effet, M. de Chazelles a été préfet sous M. Thiers, après avoir rempli les mêmes fonc tions sous l’Empire ; au 24 mai, il ne montra aucun scrupule a servir les desseins de M. le duc de Broglie. Or, M. le ministre de l’inté rieur était fondé à croire qu’un préfet qui avait servi avec un égal dévouement l’Em pire, le gouvernement de M. Thiers et celui du 24 mai ne ferait aucune difficulté à se ral lier à ce gouvernement, à la tête duquel est placé M. le maréchal de Mac-Mahon. Il s’est trompé, soit; mais, on conscience, comment pouvait-il prévoir qu’un fonctionnaire qui avait trouvé également bons tant de régimes si différents, qui, sous l’administration de M. Thiers, était considéré -comme n’offrant pas des garanties absolument suffisantes au point de vues des opinions conservatrices, devien drait subitement un partisan forcené de M. Buffet, à ce point de vouloir, après quelque temps de réflexion cependant, le suivre dans sa retraite ? Cependant, il me paraît difficile de conclure du cas de M. de Chazelles qu’il fhille sacrifier en masse tous les préfets, tous les sous-préfets et les remplacer par des hommes nouveaux ou par les anciens fonctionnaires de M. Thiers. L’important était de destituer les préfets qui s’étaient trop ouvertement compromis à la suite de MM. de Broglie et Buffet, de déclarer nettement aux Von conser...