Extrait du journal
pas de pain à se mettre sous la dent, et, ce qui est plus grave, pas une idée énérale dans la tête, pas une ombre e culture, pas même ces éléments de politesse qui sont une discipline indis pensable pour subsister. Vous comprenez qu’elle est bien loin de mon esprit cette sottise : « Détour nons tout à fait ceux du peuple do la carrière des beaux-arts. » Je sais, comme tous le monde, que les quel ques sculpteurs de génie que nous avons eus en ce siècle, Carpaux, pour n’en nommer qu’un,étaient des enfants d’ouvriers. De môme je crois Apre, de temps en temps, il continuera à surgir de la foule, l’homme divinement doué, qui, avec un ciseau ou une palette, fixera, dans des formes de beauté, la grâce et les mouvements de la vie. Mais ne craignez rien. Celui-là, per sonne ne l’étouffera dans l’œuf, il n’aura qu’à paraître pour être reconnu; il s’imposera comme la lumière. Par contre,le malheureux qu’il faut détour ner à tout prix de ces carrières d’art où, si imprudemment, il est poussé par sa naïveté, son orgueil enfantin, la complaisance intéressée do quel ques personnages politiques, c’est l’en fant au peuple qui aurait fait un bon ouvrier, si on l’avait laissé dans sa sphère et qu’un enseignement dont il est incapable de profiter changera en déclassé et en meurt-de-faim. Plus nous allons, plus la facilité à dessiner et à peindre devient un don commun dans cette race très affinée ; plus, par conséquent, il faut faire un effort vigoureux pour sortir du rang. Certes, il y a des médiocres qui se sou tiennent sans génie ; mais, alors, ils ont d’autres cordes à leur arc : le nom qu’ils portent, les relations qu’ils ont, les soutiennent, les font vivre, parfois môme les élèvent à des honneurs immérités. Ils ne doivent pas être présentés commodes exemples,mais commodes obstacles. Ce sont eux, précisément, les amateurs, les peintres mondains, qui enlèveront au rapin pauvre les occasions qu’il aurait eues de gagner, sans génie, son pain de chaque jour. Nous convenions naguère que les beaux-arts ne sont pas une carrière pour les jeunes filles sans dot. Ils ne nourrissent pas davantage ceux qui sortent du peuple. Aux uns et aux autres, devant la poussée des fausses vocations qui encombrent les ateliers, c’est un devoir de crier, — comme l’écriteau balancé au bout d’une ficelle : « Gare à la peinture ! » IIUGUES LE ROUX. — ...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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