Extrait du journal
explique pourquoi ces espérances sont déjà vieilles de tant de printemps. A l’extérieur, même phénomène; tous les symptômes alarmants se manifestent au commencement de l’hiver. C’est le moment où la santé des princes qui gouvernent l’Europe monarchique chancelle; c’est le moment où de nouveaux canons prennent la route de la frontière de chaque Etat, où les grandes puissances militaires s’avisent que leur infanterie est trop faible, créent quelques régiments de plus, où la presse qui passe pour l’inter prète des grandes chancelleries, tient un langage plus belliqueux qu’à l’ordinaire. C’est le moment où les cabinets de Lon dres, Berlin, Vienne, Saint-Péterbourg, tâ tent le pouls à « l’homme malade » couché sur les rives du Bosphore et trouvent son cas excessivement grave... — Ah ! mon Dieu, disent les timides, estce que nous allons avoir la guerre ? — Oh ! non, pas tout de suite, répondent ceux qui voudraient faire croire que l’avenir n’a pas de secrets pour eux ; mais vous ver rez... au printemps prochain ! L’année 1887 non-seulement n’aura pas manqué à la tradition de ses devancières, mais elle aura même sensiblement ren chéri sur les alarmes habituelles du com mencement de l’hiver. A l’intérieur nous avons eu plus qu’une crise ministérielle ; il s’est produit une crise gouvernementale assez grave pour que le Parlement eût pu craindre un mo ment d’être renvoyé devant ses électeurs, et pour que les partis qui combattent la République aient pu espérer un moment voir se réaliser leurs espérances si sou vent ajournées... Mais, ce sera pour le printemps prochain, assure-t-on. Nous verrons bien si le printemps de 1888 se montre plus sévère que lesprintemps précédents, qui ont démenti tant de prédictions funestes. A l’extérieur, c’est pis encore : ce n’est point assez que la santé de l’empereur Guillaume et celle de son héritier fassent craindre un dénouement qui pourrait bien ne pas être retardé jusqu’au printemps; voici que l’Autriche et la Russie viennent de prendre une attitude qui, au premier abord, paraît devoir faire du printemps de 1888 un printemps funeste plus que tout autre. Hé! bien, devrions-nous être taxés d’un optimisme exagéré, nous n’hésitons pas à avoir dans le printemps de 1888 la même confiance que dans les printemps écoulés. Certainement, l’éventualité d’un conllit austro-russe est bien grave, car si l’Autri che se décidait à envahir la Russie, c’est qu’elle serait suivie ou mieux poussée par l Allemagne; mais le jour où l’Allemagne et l’Autriche marcheront en avant, l’Italie restera-t-elle en arrière? Non, évidem ment; son entrée dans la triple alliance aussi bien que ses ambitions nationales le lui défendent. Mais comment admettre que l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie opére raient la liquidation de la question d’Orient sans que l’Angleterre intervint, en appa rence au bénéfice des autres, en réalité à son propre profit ? Et dans ce mouvement général de toutes les lorces armées de l’Europe, la France pourrait-elle rester .seule immobile et impassible? Evidemment non ; la force des choses l’entraînerait malgré elle... Mais en somme, sur quoi reposent tout cet échafaudage, toutes ces perspectives effrayantes? — sur un article de Y Invalide russe, journal officieux du ministère delà guerre. Que dit donc en substance cet article ?...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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