Extrait du journal

l’eau des gardiens de tombeaux. Ils font toute l'année, et quatre fois par jour, ce monotone service, sous un soleil violent à faire éclater le crâne. On cuit, en effet, dans cette vallée, qui tan tôt s’évase en entonnoir, tantôt se rétrécit en défilé où l'on passe à la file. L’aspect morne et sauvage de ces lieux éveille en nous le sen timent que nous sommes en présence d’une nature éternelle, car ici l’homme n’a rien fait de visible ; tout est resté tel qu’au jour où ces murailles de cuivre en fusion virent pour la première fois défiler les cortèges funèbres des Pharaons. Ici, dans ce passage étroit, les rangs des sol dats se sont dédoublés et la procession funé raire a dû s'arrêter.Ces rocs polis qui bordent le chemin ont été frôlés par les armes et par les calastris aux couleurs voyantes, par les robes de lin des prêtres et des porteurs d’of frandes ou de trophées. Peut-être les bœufs ont-ils accroché à cette saillie le char portant la barque funèbre. Des foules innonmrables et recueillies ont foulé ce sol de leurs pieds nus : et la montagne a renvoyé d’un ravin à l’autre, jusque dans ses derniers replis, le Sun aigu des trompettes d’airain et les lamen tations gutturales des pleureuses. Rien n’a changé du cadre depuis le jour où la dépouille de Sethos 1" vint occuper la tombe à laquelle lus ouvriers les plus habiles avaient travaillé pendant cent "cinquante ans. Rien n’a changé, et le spectacle du défilé fastueux s’évoque fa cilement jusqu’au moment où nous arrivons à l’entrée du cirque qui forme le fond de la val lée, et où sont réunies les hypogées royales. Une barrière sévèrement gardée vient nous rappeler à la réalité du présent. La première tombe que nous visitons est celle de Sethos 1" ; c’est la plus grande. Un escalier rapide, aux murs très ornés, conduit...