Extrait du journal
vignes, sourdement attaquées depuis quel-* ques années, commençaient à faiblir. En 1876, le mal éclata brusquement, la production descendit à 42 millions d’hecto litres, pour continuer de décroître d’année en année jusqu’au chiffre de 23 millions d’hectolitres. Les superficies détruites s’é lèvent à près de quinze cent mille hectares ! On se rappelle encore le désespoir de nos vignerons en se voyant ruinés d’une façon si Inattendue. Quelques-uns, il est vrai, ne désespérèrent pas et se mirent courageu sement à l’œuvre pour combattre le fléau - par tous les moyens : les remèdes ne man quaient d’ailleurs pas; on en préconisa même un trop grand nombre au début, et» qui entraîna beaucoup de propriétaires dans des opérations où ils achevèrent de se ruiner. Cependant avec le temps, l’expé rience indiqua quels étaient les remèdes réellement efficaces et par quels procédés certains on pouvait espérer reconstituer les vignobles détruits. N’oublions pas de signaler en passant que les départements du Midi se mirent promptement à la tète du mouvement pour replanter les vignes ; on sait que ces nouvelles plantations ont été faites avec des cépages américains sur lesquels on a greffé des vignes françaises. Grâce à ce système, la surface du vignoble de la France, après •une décroissance continue pendant plu sieurs années, ne tarda pas à augmenter de nouveau. En février 1887, M. Lalande, le député le plus compétent en matière d’agriculture évaluait à 1,200,000 hectares les vignobles, existants. La plantation nouvelle, avec ra cines américaines et greffes françaises, est de 160,517 hectares ; pour atteindre le chiffre des vignobles existant en 1876, il y aurait donc à replanter 1,100,000 hectares. Malheureusement la reconstitution com plète de nos vignobles marchera très len tement, si l’on attend tout de l’initiative des propriétaires et des vignerons ; car pour quelques-uns qui ont les capitaux nécessaires, non seulement pour replanter des vignes, mais pour attendre que cellesci aient donné une récolte rémunératrice, beaucoup d’autres sont dans l’impossibilité de le faire, ou se trouvant découragés par des tentatives antérieures malheureuses, préfèrent laisser leurs champs incultes. C’est pour venir en aide aux propriétaires qui détiennent ces onze cent mille hectares de terres, pour la plupart incultes ou d’un rendement illusoire, que vient de se fonder une société dite de crédit Vinicole. Voici comment cette société expose son but et ses moyens d’actions dans une intéressante brochure que nous avons sous les yeux : « Si vous demandez aux propriétaires pourquoi il ne replantent pas, ils répon dent : 1° pour planter de la vigne, il faut, de l’argent ; 2° pour avoir de l’argent, il faut emprunter ; 3° d’abord on ne veut pas nous prêter sur nos terres incultes, sur des terres qui ne rapportent rien ; 4° mais si on nous prête, nous aurons à payer des intérêts tous les ans ; 5° et comme la vigne ne commence à rapporter qu’à partir de la quatrième année, les intérêts s’accumule ront, et les prêteurs pourront nous forcer à vendre au moment où nous commence rons à récolter. » Ce raisonnement est très juste ; or, le Crédit vinicole a trouvé une combinaison qui lui permet de répondre ceci : « Je vousprête de l’argent sans intérêts, vous n’au rez jamais à me rembourser. Vous me don nerez une participation dans les récoltes pendant vingt années, à partir de la pre mière année de récolte. Cette participation est fixée, quant à présent, à : 1° moitié des récoltes jusqu’au remboursement des som mes que je vous aurai avancées et des in térêts de ces sommes ; 2° un quart des ré coltes pendant les autres années. Vous avez donc à choisir : vous avez un champ inculte qui ne vous donnera jamais rien, si vous n’y plantez de la vigne. Vous ne pouvez pas...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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