Extrait du journal

son patron, M. Joly, adjudant retraité, de venu colon. A 5 heures, les représentants de la justice pénétrèrent dans sa cellule. Le condamné ne comprend pas ce que l’officier interprète lui explique : il murmure : « Je n’ai rien fait, je n’ai tué personne ; je vais encore faire appel. » Il faut alors que l’officier interprète lui fasse comprendre, d’une façon plus expli cite, que l’heure de l’expiation a sonné. Le malheureux tremble, à ce moment, de tous ses membres. On perçoit un tressaillement sur ses traits et des larmes ne tardent pas à cou ler de ses yeux. S’avançant vers lui, le muphti l’embrasse et l’exhorte au courage : mais Bcllah. de plus en plus consterné, ne dit mot. Les gardiens lui apportent les vêtements qui lui furent enleves lors de son incarcération. On lui sert un verre de café et de rhum : puis, la voiture funèbre, escortée d’un peloton de chasseurs d’Afrique, avance. Le condamné y prend place ; il arrive à 6 heures sur le lieu de l’exécution, au camp des Oliviers, où les troupes de la garnison sont massées. Le jour apparaît, bien que des images encore sombres cachent le bleu du ciel. Le condamné est amené devant le po teau ; on lui bande les yeux. Les fusils sont mis en joue et, lorsque le sabre d’un adju dant se baisse, les balles crépitent au signal. Le condamné tombe ; justice est faite à 6 heu res 9. Un sous-officier s’approche du moribond et lui loge une balle dans la tête. Les troupes défilent ensuite devant le cadavre. — L....