Extrait du journal
Londres, 23 septembre. — M. Lloyd George a déclaré, ce matin, à im groupe de journalistes, qu’en raison de la mauvaise interprétation de la nature des différences de vues qui existent sur la question orien tale, il tenait à faire un exposé des faits. Voici le résumé de cet exposé : « Quel que soit l’accord auquel on arrive, cet accord serait à déterminer par une con férence des Alliés et des belligérants. Les mesures que nous avons priseg, a-t-il dit, pour renforcer les forces navales et militai res, aux Dardanelles et dans le Bosphore, ont été prises, tout d’abord, en raison de notre anxiété relativement à la liberté de la mer entre la Méditerranée et la mer Noire. C’est là une première et principale considération. Ce qui est arrivé, au cours de la dernière guerre, a clairement montré l’intérêt vital qui résultait de la liberté des Détroits, pour la sauvegarde de l’empire et la protection du commerce britannique et le fait que les Détroits nous ont été fermés par la Turquie nous a valu d'être coupés d’un puissant allié et a prolongé les des tructions et les dévastations. Sans aucun doute, la guerre a été, de ce fait, prolongée de deux ans. « Comme condition essentielle pour la paix du monde, il faudrait qu’il y ait, à l’avenir, une garantie effective de la liberté des mers. Si la paix était signée sans cette garantie, elle équivaudrait à une défaite. Aussi, les Alliés ont-ils déclaré comme con dition première de l’armistice de 1918, l’ou verture des Dardanelles et du Bosphore. « Nous croyons que ces importants dé troits devraient placés sous les auspices de la Société des Nations, dans l’intérêt de toutes les puissances. » La seconde considération qui nous a amenés à faire des préparatifs, a ajouté MLloyd George, avait pour but d’empêcher l’horreur exceptionnelle de la guerre de s’étendre en Europe. Je ne veux pas répar tir le blâme entre les Grecs et les Turcs. Le moment n’est pas encore venu pour cela et cela n'est pas nécessaire pour expliquer ou définir notre politique. Je désire simple ment constater qu’une des plus grandes cités du monde (Srnyrne) a été pour ainsi dire dévastée et qu’il y a eu des massacres qui par leur horreur ont été presque sans précédent, môme dans cette région. Si une armée dont les chefs n’ont pas empêché de commettre ces outrages était autorisée à passer en Europe, à occuper Constantino ple où se trouve une population de 100.000 Arméniens, des Grecs et des milliers d'Eu ropéens, nous aurions tout lieu de craindre une répétition de ces terribles incidents. Si ces outrages se propagent en Thrace où le terrain est inflammable et s*mèlent aux rivalités, des Turcs, des Grecs, des Bulga res et des Serbes, on ne saurait dire ce qui pourrait se produire. Il pourrait y avoir une conflagration qui s’étendrait avec une furie telle qu'elle ne pourrait être facile ment éteinte ou arrêtée. Nous aurions de nouveau la guerre en Europe et 11 ne faut pas oublier que la grande guerre de 1914 a commencé par les Balkans. Par consé quent, nous avons estimé qu’il était d’une importance primordiale, dans les Intérêts de la paix européenne, que la guerre en Asie Mineure ne se propage pas en Europe. « En ce qui concerne la zone neutre notre attitude a été Impartiale entre Grecs et Turcs. Est-ce à dire que nous provoquions le conflit en restant à Tchanak ? Nos conseillers militaires estiment essentiel do rester à Tchanak pour assurer la liberté des Détroits aux vaisseaux non armés. Les vaisseaux armés pourraient passer et re passer dans n'importe quelle circonstance, si nous n'étions pas à Tchanak. Mais les navires de commerce pacifiques ne pour raient pas passer et, par conséquent, de l’avis de nos conseillers miltaires, il est es sentiel de tenir Tchanak, afin d’obtenir la véritable liberté des Détroits aux fins d’é changes pacifiques entre la Méditerranée et la mer Noire. » « Nous ne désirons pas occuper Galllpoll et Tchanak dans le seul intérêt de la GrandeBretagne. Nous ne considérons pas que la Grande-Bretagne devrait être seule a en porter la responsabilité. Nous croyons que ces importants rivages devraient être tenus sous les auspices de la Société des nations dans l’intérêt de toutes les nations égale ment. Ce serait un péril de la pire espèce de permettre à l’armée qui n’a laissé do Srnyrne qu’un tas de ruines noircies de passer en Europe jusqu’à ce qu’une paix véritable soit établie et que les conditions de cette paix soient clairement définies. Nous ne revenons pas sur quoi que ce soit que nous ayons pu dire sur Constantino ple restant turque. Nous ne disons rien de la souveraineté de la Thrace orientale. La paix doit d’abord être établie et les condi...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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