Extrait du journal
comme contaminée par des vices aima bles, mais mortels. Un jour qu’à Phila delphie, devant un reporter, qui m’avait soumis à la question, j’avais déclaré qu’il s’écrivait, en France, tous les jours, des livres fort propres et que, d’au tre part, Paris possédait, outre le Moulin Rouge et les Folies-Bergère, des biblio thèques où l’on travaillait, une Univer sité où l’on enseignait, des temples où l’on priait, et des milliers do foyers où l’on s’aimait plus honnêtement qu’en aucun lieu, cet excellent journaliste me pria avec ingénuité de lui « donner ma parole d’honneur »» que tout ce que je lui avais dit était vrai. Et il me quitta avec un air perplexe qui était fort éloquent. Nous avons beaucoup pâti, pendant la guerre, de la double légende allemande et française. Nous avons surtout pâti de ce que, l'Allemand étant installé partout, nous n’avions presque nulle part de centre de propagande. Il était bien tard l)our improviser un service de propa gande. On s’y mit cependant. Un envoya partout des conférenciers ; on lança des volumes et dos brochures ; on essaya de liénétror dans les gazettes neutres. Mais hâtivement et fantaisistement choisis, sans contrôle des titres et des capacités, les conférenciers firent souvent plus do mal que de bien. Il y en eut d’excel lents, il y en eut de simplement utiles ; il y en eut de fâcheux et même d’exécra bles. Les volumes ne furent pas non plus toujours très heureux. Mais enfin ii y avait là tout au moins lin essai qui ne fut point partout sans effet. Seule ment, on était en guerre ; cet effort paraissait suspect de polémique et on ne pénètre pas profondément les âmes quand on affiche la prétention de les ranger, dans un délai très court, dans le camp d’où l’on est venu les chercher. J’ai vu, de près, pendant la guerre, ce service de propagande. Il faut avouer que, en 1918, sauf de fâcheux pas de clercs, il commençait A s’organiser assez bien et à fonctionner d’une façon assez heureuse. J’espérais que, remaniée pour le temps de paix, fortifiée par l’expérience et, somme toute, munie des procédés nécessaires, cette propagande allait, après l’armistice, prendre un envergure qui lui permettrait d’être féconde. Il n’en a rien été. Loin de grandir et de se fortifier, l’arbre qui eût dû étendre son ombre sur le monde a périclité et s’est desséché. lie service a été réduit à rien. 11 a fallu que Y Alliance Française, passée entre les mains d’un secrétaire général très actif, M. Faut I»abbé, prit entre ses mains l’œuvre que les minis tères laissaient tomber. J’ai vu, par mes dernières tournées de conférences A l’étranger, tout ce qu’on i>eut faire et avec quelle sympathie on nous attend. C’est un crime que d'abandonner une entreprise qui, aujourd’hui, est ae toute première nécessité. Il ne s’agit pas de proclamer à voix brttyante nos mérites et nos services, et de nous en aller. Il s’agit d’une action lente, persévérante et discrète ; il s’agit d’appeler A nos universités les jeunes étudiants, comme d’envoyer aux univer sités étrangères quelques-uns do ces jeu nes maîtres qui, sur tous los domaines, font tant d’honneur A la science fran çaise. Il s'agit de faire accueillir par la presse étrangère des articles où la France apparaîtra telle qu’elle est — non sans défauts,certes — mais avec ces qua lités et ces vertus qu’elle a fait éclater dans la grande crise et qui, déjà, sont méconnues. Disons mieux ; il s’agit de faire courir A travers le monde nos idées, notre esprit, notre sentiment. C’est là une œuvre de longue haleine ; raison de plus pour ne pas perdre do temps, et nous en perdons. Si, dès 1918, nous avions fortifié et étendu l’action de notre propagande, nous ne nous trouverions point désarmé en face de l’abominable campagne menée contre nous depuis un an et qui, A certaines heures, paralyse notre action politique et dessert, en les dénaturant, tous nos gestes. C’est un des premiers devoirs de l’Etat que d’organiser sérieusement ce service revenu A l'état de fantôme. Aucun de nous ne songe à refuser des milliards à...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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