Extrait du journal

14 Le Testament Volé Maquart, solidement trempé,inaccessible à la peur, courageux même, avait longtemps eu, la nuit, un affreux cauchemar qui lui repré sentait la tentative de meurtre commise con tre lui par le fermier. Il entendait la balle tirée sur lui siffler à ses oreilles et il se réveillait tout frémissant.. Il n’était donc pas venu chez son débiteur sans une vague appréhension. Depuis quelques instants, il tournait autour de Marion sans oser dire pour quel motif il était venu à la ferme, ce qui, aux yeux de Ma rion, constituait un gros événement. Elle savait, en effet, à quoi s’en tenir, au juste, sur la situation de son maître. Dans le village, d’ailleurs, on ne parlait que de la prochaine expulsion d’Antoine. C’était fini de rire, disaient méchamment les commères, à qui Marion eût voulu arracher la langue : la Benoîte morte, Maquart n’avait plus aucune raison d’entretenir grassement Evenard. _ ... . x . — Est-ce que votre maître, Antoine, est a la ferme, Marion ? demanda enfin Maquart., — Oui ! Romain hésita encore. — Pourrais-je lui dire deux mots ? fit-il après un instant de silence. — Pourquoi pas ? La servante ne comprenait nen au manège de son interlocuteur., . je veux dire... voyons, Marion, vous me comprenez bien.... est-il de sang-froid ?... Marion demeura sérieuse pour protester contre les ricanements ironiques de Maquart. — Vous voulez savoir s’il est gris ? de manda-t-elle. — Juste 1...