Extrait du journal
pies, d’âme assez naïve, voire assez grande, mûs par des sentiments d’orre assez supérieurs pour mettre leur énergie et leur endurance au service de causes désintéressées et purement idéales. Telles furent les Croisades. Et encore, tant il est vrai qu’aucun effort n’est perdu qui se propose un noble but, pour chimérique que fût celle entreprise au gré de nos idées modernes, les Croisades ne laissèrent pas d’avoir un résultat pratique en ouvrant à l’Occident la route de ces pays alors fabuleux, où plus tard son commerce devait trouver matière à de fructueux échanges. Je sais bien qu’aujouvd’hui les nouveaux venus dans la mêlée humaine sonnent notre glas et nous engagent à nous préparer à la mort. Si, ce qu’à Dieu ne plaise, cette heure était venue pour nous, la cause en serait bien moins à l’abus de ces qualités qu’à leur perte ou à leur amoindrissement. Quand Christophe Colomb partit, lui aussi, à la recherche d’un continent nouveau, les vertus de l’ancien monde, vaillance et chevalerie, qu’il emportait dans ses bagages, ne nuisirent sans doute pas au succès de son entreprise. Pour le moment, si du monde où sa grande âme repose, il peut voir ce qui se passe sur cette terre qui devrait porter son nom, je doute que le grand Génois ait fort à s’en réjouir. Je ne parle pas mémo ici de la brutalité de l’agression et de la violation du droit dont l’Amérique donne au monde le triste spectacle. Mais le seul fait de la joie indécente qu’on y manifeste pour le plus léger succès remporté sur un ennemi dix fois inférieur en nombre et en force, encore qu’au moins égal en courage, no semble-t-il pas comme un retour aux âges les plus sauvages de l’humanité, l’oubli et le reniement de toutes les conquêtes réalisées sur la brutalité primitive de l’espèce ? Sans doute il peut arriver à tout le monde, pour défendre son droit ou ce qu’on croit être tel, de s’attaquer à plus faible que soi. Mais c’est avec peine qu’on se résout à un telle extrémité. Etant alors sans honneur, la victoire est sans éclat, et il n’est pas une âme un peu élevée qui, en pareil cas, ne le déplore presqu'à l’égal d’une défaite. A tout le moins, le silence est-il d’un devoir rigoureux qu’à défaut do noblesse de cœur devrait commander le plus élémentaire sentiment des con venances. Si c’est là, si c’est à la perte de toute délicatesse et de. toute géné rosité, à l’étalage inconscient des plus grossiers instincts et des plus bas appétits de l’espèce que doit en défini tive aboutir dans le monde le triomphe de l’esprit pratique, plutôt que de voir notre race ressusciter sous ce triste avatar, je préférerais qu’elle s’en allât de consomption, comme un orga nisme qui n’a plus pour se nourrir çù Êuiser des sucs assez délicats. Mais, lieu merci, nous n’en sommes pas là. Et l’avenir, un avenir peut-être plus proche qu’on ne pense, dira si, selon cette boutade que je me plais toujours à citer, inspirée par le livre dithyram bique de La boula y e sur le NouveauMonde, , l’humanité est faite exclu sivement pour « rouler des tonneaux vers le rivage». MARIE-ANNE DE BOVET. L’Assurance contre le Vol...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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