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Le Petit Marseillais, 26 mars 1868

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Le Petit Marseillais
26 mars 1868


Extrait du journal

Dès que le commissionnaire qui était venu avec elle fut parti, Julienne prit l'enfant sir ses genoux et lui donna à Ivoire avec le biberon. Elle ne sut pas trop bien comment s’y prendre L» première fois ; mais, à force de chercher, de s’ingénier, elle finit par trouver une position commode pour elle et pour le petit. Quand le bambin fut repu, sa mère adoptive le désha billa et remplaça par des effets neufs les haillons qui le couvraient. Elle ne trouva sur lui rien qui pût aider à faire connaître, un jour, son père ou sa mère. — Ah 1 — dit Julienne à ton frère, en embrassant le pauvre petit être qu elle tenait dans ses bras, — comment une mère peut-elle se résoudre à abandonner son enfant?;.. Il faut qu elle soit sans coeur, n’est-ce pas? — Oui, sans cœur... ou sans argent— répondit Jules avec un sourire de tristesse Ah! ma sœur, n’imite point le monde dans sa précipitation à juger le prochain, et sache bien qu’il ne faut jamais condamner quelqu'un sans l’entendre. Certes, la fe mne, qui abandonne son en fant est bien coupable ou bien malheureuse , et, devant cette alternative, tu ne dois porter aucun jugement, laissant à Dieu, qui lit au fond du cœur et sait le pourquoi des actions humaines, le so n de prononcer la sentence méritée. — Tu as peut-être raison, frère ; et que la mère de cet enfant, si elle est innocente, me pardonne la sévérité de mes premières paroles. Pour toute réponse, Jules embrassa sa sœur et la con versation en resta là. Julienne déposa l’enfant dans le berceau apporté par le commissionnaire, plaça le 1 arceau auprès de son lit et, quand son frère se fut retire dans sa chambre, elle se cou cha. laissant une veilleuse «Humée sur sa table de nuit. L’enfant, bien emmailloté et chaudement couvert, ne s’é veilla que vers le matin, alors que le jour commençait à poindre....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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Données de classification
  • augustin fabre
  • argent
  • gaufridi
  • marseille