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Le Petit Marseillais, 26 septembre 1911

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Le Petit Marseillais
26 septembre 1911


Extrait du journal

fuse les organes puissants de ce qui fut un redoutable cuirassé. Dans l’eau qui clapote à peine, des canots officiels, des remorqueurs entou rent l’épave. Il se fait là une besogne sinistre. On repêche les corps démem brés que la mer veut bien rendre, on re cueille les restes pitoyables des mate lots de la Liberté. Cela ne saurait se décrire, non plus que les recherches que font sur l’amas de fer immergé les hom mes employés au sauvetage. Nul ne peut tracer d’une plume sûre ce tableau déchi rant. Le canot dans lequel nous sommes tourne lentement sur la plaine liquide où dort à jamais la Liberté. Des gendarmes maritimes éloignent les curieux et font la chasse aux petits bateaux. Au loin, accoudés sur les bastingages de la Gloire, du Michelet, de la Démocratie, du Char les-Martel et de la République, les mate lots regardent, d’apparence impassible. Les cuirassés postés auprès de la Li berté ont tous, plus ou moins profonde, quelque blessure causée par les celais de l’explosion. Des mâts projetés en l’air sont, retombés droits dans l’eau et se sont fichés dans le fond, d’où ils émergent. Un canot major a piqué du nez et montre à peine son arrière hors de l’eau. Les. grands navires qui frôlèrent une perte semblable à celle de la Liberté sont là, à l’attache, témoins muets et. terrifiés. Et quand nous quittons ce coin de rade où se marque la place de la catastrophe, nous avons la sensation qu’une brise de cimetière vient jusqu’à nous, mêlée à d’âcres relents de poudre et de fer. N'est-ce point là, en effet, une nécro pole et la plus stupidement improvisée qui soit ? Songez que dans les flancs de celte épave, des hommes jeunes et forts ont péri sans combattre, ou agonisent, blessés, dans une prison de fer, tandis que d’autres sont au fond de cette onde dormante, défigurés, n’ayant plus forme...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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