Extrait du journal

Voici, à son tour, Eugène Scribe qui tombe dans le « domaine public ». A vrai dire, ce n’est guère que théoriquement, sauf pour ses rares romans, car, au théâtre, Scribe eut toujours des collaborateurs, et il y a des droits d'auteur tant qu’il n’y a pas cinquante ans écoulés depuis la mort du dernier collaborateur d’une pièce. Cette date va être l'occasion d'évoquer quelques anecdotes sur cet auteur drama tique qui tint une si grande place dans son temps, et que la postérité a traité assez cavalièrement, en lui faisant expier l’em pire qu’il exerça longtemps sur le monde du théâtre. On alla même jusqu’à l’injus tice à son égard. Ce grand amuseur poussa évidemment l’habileté jusqu’à l’excès, au détriment de la vérité, et il emprisonna le théâtre dans des formules et des conventions. Sous pré texte d’adresse, de l’indispensable adresse, il fit bon marché de l’observation. Il réduisit tout à de petits moyens. Chez lui, il n’y a rien d’élevé, et sa morale bourgeoise était une morale d’égoïsme et de respect de l’argent. L’intérêt personnel est le grand ressort de son théâtre. Ses héros des deux sexes n’ont d’autre objectif que de faire <( un beau mariage ». Quelle agence de ma riages riches que son œuvre ! Mais il ne pouvait concevoir un autre dé nouement heureux. Un jour, dans une de ses dernières pièces, pour répondre au re proche qu’on lui faisait de mêler toujours l’argent à l'amour, il voulut flétrir les cou reurs de dot. Mais le pli était pris, et il...