Extrait du journal
Un député, M. Modeste Leroy, se pro pose d’arrêter cette rage d'affichage qui sévit sur la Chambre depuis plusieurs années et prend des proportions de plus en plus inquiétantes pour le budget. Je sais bien que le budget est la der nière préoccupation de la Chambre, laquelle est, comme on sait, une assem blée de grands seigneurs, qui ne sau raient s’abaisser à calculer comme les petites gens, et qui dépensent sans compter. Ils ont pris pour modèles les gentilshommes de théâtre qui, lorsqu’ils veulent faire une gratification, jettent leur bourse sans savoir ce qu’il y a dedans. Ce serait parfait si c’était en effet leur bourse. Malheureusement, c’est celle des contribuables ; et la munificence qui s'exerce avec l’argent d’autrui n’est peut-être pas aussi digne de louanges que celle qui dispose de ses propres fonds. Notre député s’est donc inquiété, à juste titre, de cette prodigalité. Si, en effet, cela ne coûtait rien et s’il ne s’agis sait que d’une politesse gratuite, d’ail leurs absolument inutile et compara ble comme conséquence à l'octroi de pal mes académiques, on pourrait ne pas s’y arrêter, et se dire irÉ petto : « Cela vaut mieux que d’aller au café. » Mais il n'en est rien et le chiffre de cette dépense de pur luxe 11’cst nullement négligeable. C’est pourquoi M. Modeste Leroy a déposé sa proposition, renouvelée d’ail leurs de plusieurs autres,auxquelles pré cédemment la Chambre avait fait un sort en les laissant tomber dans ses ordi naires oubliettes. Il est présumable que celle-ci aura même fortune que ses ai nées. Elle conc’jsto à renvoyer le. vote deJ^’afff cbugiLi' u lendemain. La mesure serait sage, non seulement parce que la nuit porte con seil, mais aussi parce que la lecture du discours dans le Journal officiel dimi nuerait souvent l'enthousiasme du pre mier moment. M. Modeste Leroy espère que, plus d’une fois, beaucoup de ses collègues se diront : « Nous allions faire un joli coup d’afficher cette rhétori que 1 » Que cette réflexion soit faite, ce n’est pas douteux. Je ne suis pourtant pas très sûr qu’elle porterait ses fruits. Une proposition d’affichage peut être due à un emballement ; mais il n’en est pas de même du vote. Refuser un affichage lorsqu’il a été proposé, et cela au scrutin public, c’est signer une désapprobation ; et, quel que soit le courage bien connu de nos représentants, ils ne l’élèveront jamais jusqu’à cet héroïsme. Une majorité docile et intéressée se trouvera toujours pour appuyer une demande qui flatte un de ses maîtres. Je ne crois donc pas que, même adoptée, la résolution de M. Leroy obtienne des j effets appréciables. On n’en finira avec \ l’affichage qu’en le supprimant pure ment et simplement-. Son utilité m’échappe. Tous les j citoyens qui s’occupent de politique I trouveront toujours moyen de lire un i discours important ailleurs que sur les murs, devant lesquels il est difficile, pour ne pas dire impossible, de s’arrê- * ter longtemps. Quant aux autres, à ceux qui n’ont de souci que de leurs affaires, ils ne perdent pas leur temps à étudier une affiche dont la couleur blanche suf fit à leur faire une opinion....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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