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Le Petit Marseillais, 28 janvier 1907

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Le Petit Marseillais
28 janvier 1907


Extrait du journal

On a vendu, jeudi dernier, au PortMarchand de Toulon, avec cent sabres de cavalerie et quelques revolvers démo dés, neuf mille sabres d’abordage munis de leur fourreau. Déjà, au mois de sep tembre de l’an précédent, douze mille sept cent soixante-neuf de ces sabres avaient été mis aux enchères. Ctfla fait bien dans les environs de vingt et un mille lattes maritimes dispersées. Ainsi se liquident les vieilles gloires. Et quand nous disons que ces vénérables sabres sont dispersés, c’est une façon de parler car, au contraire, ils sont cédés en bloc. En témoignage, ce passage d’une lettre que nous adresse le docteur Félix Thomas, du Beausset, dans le Var : « J’avais chargé un de mes amis d’al ler à la vente du mois de septembre, m’acheter quatre de ces sabres, en sou venir de trois transports de forçats à Cayenne de 600 condamnés chacun, auxquels je pris part, comme jeune médecin de la marine, en 1860, 1861 et 1864, sur l’historique frégate à deux bat teries Y Amazone. Au cours de ces trans ports, nous avions tous un de ces sabres d’abordage, en prévision d'une révolte de notre triste personnel. Mon ami n’a pas pu en obtenir un seul ; un brocan teur Venait d’acquérir le loi. Un ne sait pas ce qu’ils sont devenus. J’ai l'ait rechercher le brocanteur. Peine perdue. Les armes sont introuvables et je n’ai pu avoir mes quatre Durandal mariti mes. » En effet, que deviennent ces sabres de rebut, autrefois triomphante v Les expedie-tteii à' des peuplades ? En fait-on des rasoirs, des couteaux ou des grattoirs ? Mystère ! il ne serait pas étonnant que nos soldais coloniaux ren contrassent, un jour, ces armes de jadis aux mains de noirs africains. Puisqu'on cède déjà à ceux-ci des fusils d'anciens modèles, pourquoi pas des sabres péri més ? Et n’avons-nous pas vu revendre en pleine rue de Marseille, au premier passant venu, des baïonnettes du fusil Gras, qu'un camelot étalait sur un charreton ? L’abandon du sabre d’abordage ne remonte pas à plus de trois ans. Le per fectionnement des explosifs a rendu impossible l’opération maritime qui constituait l’abordage et, du même coup, l’ancien sabre est devenu inutile. Nos matelots d’autrefois excellaient dans cette manœuvre hardie de nos bâti ments de combat. Alors, le corps à corps terminait les batailles navales. Désem parés, criblés de boulets, les navires s’accostaient et c’est alors que le sabre faisait merveille. Ce moment marquait tout un art de la guerre sur l’eau. Si l’ennemi refusait l’abordage, on s’effor çait de le joindre de « franc étable », c’est-à-dire de manière à atteindre le fuyard par le devant, en droiture, ou bien on exécutait, par jeu d’adresse et d'habileté, l'abordage « en belle » en enfonçant l’éperon du navire dans le flanc du vaisseau abordé. Il y allait par fois d’un double naufrage, mais on n’y regardait pas de si près. Si l’on parvenait à joindre le bâti ment ennemi, on cherchait à l’accrocher en jetant dans son gréement les grap pins d’abordage, forts crochets de fer à plusieurs branches attachés à une...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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