Extrait du journal
mais ils ont à faire opposition à un ensemble de doctrines que l’on confond avec la Répu blique. L'orateur, tout en désirant loyalement une autre forme de gouvernement, est dé cidé, ainsi que ses amis, à reconnaître la for me actuelle. (Interruptions sur divers bancs.) M. Paul de Cassagnac : Vous avez prouvé qu’aucun catholique ne peut se rallier à la République. M. d’Hulst déclare que tout en respectant et en admirant le talent et le courage de M. de Cassagnac, il répudie toute solidarité avec la parole qu’il vient de prononcer. (Très bien à Gauche.) La forme républicaine a le mérite d’exister, mais il ne faudrait pas identifier des idées particulières avec ce qui doit être le bien de tout le monde ; rien ne serait plus fa cile que de s’assurer l’adhésion de tous les Français. (Très bien ! sur divers bancs.) Si les catholiques étaient entravés dans leur liberté, ils auraient le devoir de se souvenir de la parole de saint Paul : La parole de Dieu n’est pas enchaînée : verbum Del non alliga tion. (Très bien ! Très bien ! sur divers bancs.) Si la protection leur était refusée, ils s’expo seraient à toutes les souffrances pour défen dre leurs convictions. (Applaudissements à Droite.) Discours de M. Loubet M. Loubet, président du conseil, dit que le gouvernement n’éprouve nullement le désir de procurer à qui que ce soit les palmes du martyre ; il ne peut donc déférer au désir de M. d’Hulst. I,a question qui se pose devant la Chambre est plus simple. 11 est exact que le 15 mars, à l’église de Saint-Merri, des protes tations peu graves se sont produites au mo ment où l’orateur afflrmaitqiie la Révolution, ivre de sang humain, avait enfanté le socia lisme et tous les crimes. Ce langage n’est certes pas celui que doit tenir un prêtre en chaire, aussi ceux qui avaient été blessés par ces paroles ont voulu faire une contre-manifestation. La justice est saisie ensuite d’une plainte déposée par le curé. On a dit qu’on avait essayé de marcher à l’autel, c’est contredit par les témoins et par la plainte elle-même. On demande comment il se fait que la police n’ait pris aucune mesure. On oublie qu’aucune demande n’a été adressée au commissariat de police. Le curé a prévenu simplement la police qu’il craignait que des désordres se produisissent au dehors de l’église. Des agents ont été placés dans la rue; ils n’ont pas eu à intervenir; le commissaire do police a fait tout son devoir. On demande ce que fera le gouvernement vendredi prochain. Depuis quelque temps, les habitudes anciennes tendent à se transformer et la chaire devient une tribune politique,non seulement à Paris, mais en province. On y dis cute des questions sociales politiques pures ; on est allé jusqu’à faire des conférences sur l’hypnotisme. Ce changement a été défavora ble et menace de développer le désordre. Cet état de choses n’est pas tolérable et si les églises, qui ont une affectation spéciale, provoquaient à des rixes, évidemment le gou vernement serait obligé de prendre des mesu res. Nous vivons sous un régime qui ne per met pas d’attaquer en chaire les lois de la République ; il y a, dans le Code pénal, des articles qui s’appliquent aux ministres des cultes qui attaqueraient les actes et les lois du gouvernement; ces articles seront appli qués, si cela est nécessaire. Le gouvernement espère qu’il n’y aura plus de provocation ni d'un côté ni de l’autre,mais si des conflits étaient à craindre, le ministre n'hésiterait pas à faire fermer l’église. (Très bien ! Très bien!) Discours de M. Pichon M. Pichon désire appeler l'attention de la Chambre sur des faits analogues à ceux de Saint-Merri qui se sont produits dans une au tre église. Parmi les prédicateurs de l’église SainteClolilde, se trouve un jésuite de nationalité anglaise admis au domicile par un décret du 7 mars 1868 ; il ne jouit pas de ses droits poli tiques. Ce prédicateur traite de charlatans les hommes qui sont à la tête des partis politiques en France ; il a dit que l’armée rendait aux familles des hommes pourris jusqu’aux moelles. A celle conférence assistait un ancien élève de la rue des Postes, ancien officier qui fut tellement outré qu’il envoya au prédicateur une lettre de protestation. Il dit qu'il a ap partenu à l’armée pendant neuf années et que sous tous les rapports, surtout en ce qui concerne la moralité, elle peut tenir la tête haute. (Applaudissements). Il ajoute qu’il est regrettable que ce prêtre n’ait pas servi en France. (Applaudissements). A cette lettre le Révérend Père répond qu’il s’est contenté de citer le rapport deMsr Four nier ; il ajoute que les casernes ne sont pas surveillées, que des femmes s’y introduisent la nuit et que dans ces questions 11 faut mettre de côté tout chauvinisme et reconnaître la vérité. L'effet produit parcelle conférence fut tel qu’un Dominicain crut devoir, deux îours après, en faire la contre-partie. 11 résulte de ces faits précis, qu’un jésuite étranger a insulté l’armée française du haut d une chaire, sous les auspices de l’archevôque de Paris. Est-ce que M. d’ilulst pense que cela fait partie de renseignement du catéchis me ? Et que compte faire le gouvernement pour réprimer ce scandale? En présence do la résurrection du gouvernement des curés, il faut agir; il faut que le président du conseil...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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