Extrait du journal

des siècles, et il faut là maintenant le coup d’œil d’un homme aux vues réellement personnelles pour apercevoir quelque chose d’inédit. Quant aux habi tants, ils eussent reçu ce gamin genti ment, mais comme un gamin. Au contraire, au Cameroun, tout est à faire et à voir, il n’est pas malaisé d’en rap porter quelque chose, et l’habitant est à votre dévotion. Mais il n’en est pas moins, certain qu’un enfant de seize ans peut rendre dans un pays neuf des services scienti fiques, s’il a été dressé, par un jeu d’imitation, à cette tâche. Et cela prouve qu’on ne saurait trop diriger l’éducation de la jeunesse en utilisant ce besoin naturel d’imitation... On nous dit que le jeune Werhnam et sa sœur, dès leurs premières années, s’étaient accoutumés à causer entre eux, à table, silencieuse ment, au moyen de l’alphabet Morse ; à un enfant, en effet, il suffit de quelques heures pour se rendre maître de cet alphabet, tant est vive et active sa mémoire visuelle et auditive, tant il est apte à pratiquer des mouvements qui deviennent beaucoup plus malaisés à un adulte. C’est ce qu’il ne faudrait jamais oublier — et ce qu’on oublie trop — dans nos systèmes d’enseignement, où, depuis Rousseau, on cherche trop à développer, chez les jeunes êtres, « le raisonnement ». Il faut profiter de leurs dispositions pour leur enseigner d’abord des automatismes. PIERRE MILLE....