Extrait du journal

— Oui, demain certainement — répondit-il. En entendant la voix de cet inconnu, auquel jusqu’à ce moment elle n’avait pas accordé la moindre attention, Edmée tressaillit et se tourna vers lui. Le neveu du banquier s’inclina devant elle en souriant. La jeune fille lui rendit son salut, puis atta cha sur son père un regard qui signifiait clai rement : — Quel est donc ce monsieur ?... Le vieillard comprit celle interrogation muette et répliqua : — Comment? Fabrice est-il si changé lui aussi, depuis quatre ans, que tu ne le recon naisses pas ?... Edmée rougit. — Pardonnez-moi, mon cousin... — fit-elle,— j’étais une petite fille il y a quatre ans, une vraie gamine, et puis c’est long, quatre ans! ! . — Il ne faut pas m’en vouloir si j’ai un peu oublié vos traits... Mais je vous reconnais maintenant... — C’est moi qui suis coupable, ma cousine, — répondit Fabrice en serrant la main qu’Edmée lui tendait —j’aurais dû vous habituer à voir quelquefois mon visage et vous ne m’au riez point tout à fait oublié... — Enfin, — reprit Edmée,— vous me jurez que ma mère est presque remise et que je la verrai demain ? — Oui, ma cousine. — C’est bien, je vous crois. La jeune fille se souvenait de nouveau de l’affirmation de Georges Vernier. — « Madame votre mère, — avait-il dit, — ne court aucun danger. » En conséquence, elle était facile à con vaincre. — Et c’est aujourd’hui que tu m’emmènes, père?—poursuivit-elle, en jetant ses deux bras autour du cou de M. Delarivière. — Oui, mon enfant...— va donc préparer ton petit bagage qu’on t’enverra ce soir même au Grand-Hôtel, où je suis descendu, et dis adieu à tes compagnes... Nous t’attendons. — Mon bagage... des adieux... — répéta l’en fant, très surprise. — Mais, sans doute.* ...