Extrait du journal

possible de dire le nom. Ce parfum n’était plus lui, avait été rendu impersonnel et il n’en était que plus doux et plus délicat. Quelques rayons de lumière se Jouaient dans les moires, le velours et les dentelles, donnant à ces jolies choses leur vie propre. Et parfois, quand la revendeuse, en se haussant, tendait une robe, on aurait pu deviner presque l’élégance ondulante de la femme qui s’en était parée, de la femme dont l’âge avait frappé la beauté peut-être, mais dont la taille, en son élancé mince et hardi, était restée séduisante et très jeune. La revendeuse n’interrompit point sa beso gne à l’apparition d’Annette. Ses gestes seulement se précipitèrent, plus nerveux. Un regard curieux, vers la nouvelle venue, glissa sous ses paupières lourdes, bridées et malades. Et Désirée, presque provocante, l’insulte aux lèvres, n’attendait qu’un re proche pour éclabousser la jeune fille. Mais Annette se tut. Alors, Désirée, rede venue bonne personne, crut devoir s’expli quer quand même, disant que, depuis long temps,madame, tout les mois lui abandon nait ses robes, n’ayant plus d’autre moyen de lui payer ses gages. Et elle voulut Invo quer le témoignage de la revendeuse. — N’est-il pas vrai, madame Renonclat î —. C’est la pure vérité, mademoiselle, la vérité du bon Dieu ! Les gens de loi arrivèrent dans cette journée et firent un récolement. Mme Rononciat avait disparu. La cuisine était dé serte. Désirée veillait, du reste, à ce que Marie-Annette ne manquât de rien. L’huis sier avait remis un état général des dettes existantes, et la femme de chambre avait prié la jeune fille de le lui communiquer. — il ne faut pas se laisser voler par ces grippe-sous t Après un coup d’œil connaisseur, elle s’était écriée :...