Extrait du journal
Tragédie de Corneille, acte V, scène. > PERSONNAGES NOUVEAUX M. Flaisslkres, maire. — M. Cadenat, ex-adj., dép. M. FLAISSIÈRES Prends un siège, Bernard, prends,et sur toute chose Observe exactement la loi que je t’impose. Prête, sans te gratter, l’oreille à mes discours ; D'aucun mot,d’aucun cri n’en interromps le cours; Laisse mon miel couler. Et si ce grand silence A ton ver naturel fait quelque violence. Tu pourras me répondre, après, tout à loisir. Sur ce point seulement contente mon désir. M. CADENAT Je vous écoute, mais soyez bref. M. FLAISSIERES Sois sans peine : Je sais presque par cœur ma petite antienne. Te voilà député ; mais ceux de qui tu viens Furent les ennemis de mes plans et les miens. Au milieu des vrais purs ton ardeur prit naissance: Et quand, circonvenu, tu vins en ma puissance Ton flair à deviner mes personnels desseins Arma tôt contre moi ta parole et tes mains. Tu fus mon ennemi dès que je fus ton maire; Dès lors ma politique à tes yeux parut claire Et tes discours haineux jamais n’ont démenti Ton nez, qui dans le maire à le laux pur senti : Autant que tu l’as pu tu tapas sur Klaissièrc. Je ne m’en suis vengé qu’en te faisant la guerre, Et ma chienne pour toi n’eut plus assez do chiens. J'armai contre loi, pur, tous mes politiciens; Je te flanquai d’abord hors do l’Hôtel de Ville Où ton aveugle foi gênait mon règne habile, Et tu sais que depuis, à chaque occasion, J’entravai de mon mieux ta réélection. Lorsque le moment vint de faire tomber Bouge Et de le remplacer par un député rouge, Je te mis mon adjoint Bertas pour concurrent Escorté de Tassy, ce muet éloquent. Au premier tour, malgré mon âme irrésolue Oui me fait éviter l’action absolue. En faveur de Bertas une lettre je As Or, l’électeur n'a pas écouté mes avis; Malgré moi lo scrutin à la Chambre t'envoie; Te voilà député, ton aile se déploie : Tu triomphes. Il faut donc employer mes soins A te faire oublier ta haine, tout au moins. Tu me hais, Cadenat : serin qui pourrait croire Que ce que je t'ai fait soit hors de ta mémoire ; Et, cela m'est aisé dès lors a deviner, Cadenat, tu me hais, et veux me dégommer. M. CADENAT Moi, maire, moi! Que j’eusse une âme ai traîtresse ! Qu’un si sombre dessein... M. FLAISSIÈRES Tu tiens mal ta promesse. Tu me coupes lorsque je deviens sirupeux. Tu me répliqueras après, si tu le peux. Ecoute cependant, et tiens mieux ta parole. Tu veux me dévisser de l’autel, moi l'idole Qu’adora si longtemps le parti social iste, auquel, selon loi, je 11'ai fait que du mal; Bref, tu veux m’arracher l'écharpe que je porte Four en ceindre un de ceux qui te prêtent main forte. Ai-je de bons tuyaux ou do mauvais soupçons? De tous tes conjurés te dirais-je les noms? Martino, Billottet, Chalvet et le dentiste Lévy, Coulet, Milan, Vaulbort, dont l’œil est triste, Bélugou, qu’après toi j’ai le plus assommé. Le reste d’un seul coup peut être désigné : Le tas des convaincus qu’éloignent de mes frimes D’autres meneurs,lesquels veulent grimper auxciEt qui, désespérant avec moi do monter. [mes. Peuvent sur mon dos seul leur fortune escompter. Tu te tais maintenant, et gardes le silence Plus par épaiement que par obéissance. Ce sont bien tes projets, ô farouche têtu, Que j'ai devinés là?... Mais tu t'es assez tu. Parle, parle, il est temps. M. CADENAT Ahuri je demeure. Non pas que te savoir si bien instruit m’apeure; Mais je me sens trahi, tu me vois y rêver, Et je cherche l’auteur sans le pouvoir trouver. Bah! c’est trop y tenir ma cervelle occupée; Maire, je suis violent mais franc comme une épée. Notre parti par toi me paraît exploité, Et non servi, quoi que tes flatteurs aient chanté. Voilà de mes desseins la seule et juste cause. Et, puisqu'à m’expliquer l’événement m'expose, N’espère pas de moi la protestation D’une vive, et soudaine — et vaine — affection. Jo ne puis accorder au tien mon caractère, Soit. Je suis député; mais en es-tu moins maire? Luttons! Et nous saurons, après avoir lutté, Qui l’emporte, du maire ou bien du député! M. FLAISSIÈRES Tu t’emballes, Bernard, tu pars, tu pars en guerre, Sans voir ce que pourraient Cadenat et Flaissière, Unis, tenant chacun la poêle par un bout. C'est bien simple pourtant : à deux nous serions tout! Soyons amis. Bernard, c'est moi qui t’en convie. Jusqu’ici j’ai troublé ta politique vie; Mais puisque te voilà puissant par le scrutin, Soutenons tous les deux notre commun destin. Commençons un combat duquel la double issue Sera pour le Bon Sens double pile reçue. Paris a le ministre et Marseille un préfet : Asticote Barthou, j’embêterai Florct, Et nous ferons si bien, marchant sur ces données, Que nous nous maintiendrons au pouvoir des anJ’ai les politiciens avec moi, toi les purs [nées. Du parti : nos succès par conséquent sont surs. Car il n’est pas — ici, surtout crois-en Klaissiere — Deux moyens de servir la cause prolétaire: Il n’en est qu’un : il faut employer tous nos soins A parler d’autant plus que nous agirons moins. Est-ce dit, Cadenat ? M. CADENAT Embrassons-nous, cher maire ! L'écharpe a des pouvoirs ignorés du vulgaire. Je comprends aujourd’hui ce qu’hier j ignorais, Savoir que l'union fait la farce. M. FLAISSIÈRES {gravement) Je sais 1 (Rideau). eriOK....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - cadenat
- baréty
- zola
- flaissières
- bertas
- provence
- tournlé
- jaurès
- tacon
- obispo
- marseille
- durance
- rognes
- craponne
- versailles
- cadenet
- lambesc
- paris
- toulouse
- cuba
- conseil de guerre
- parti républicain
- agence havas
- faits divers
- ibm
- faculté de droit de paris
- unis
- union
- la république
- capitole