Extrait du journal

Si Hélène en doutait, après leur entrevue, les autres du moins devaient le croire. Il eut un sourire pareil à un grincement de dents. Et brusquement toute sa haine se réveilla., Comme ils se trompaient ! Ils le supposaient abattu, écrasé, dompté à demi par les tortures auxquelles ils avaient soumis. Il se redressait. Son sang bouillonnait de nouveau en lui ! Que lui fallait-il ? Encore une heure ou deux d’énergie et de résolution. Il en trouverait., Ils le croyaient loin, dans sa Sologne, sans doute. Il était là, près d’eux, tapi comme un fauve à deux pas de la maison où ils célébraient cette fête. Le temps passait maintenant presque trop vite à son gré. Chaque minute qui s’écoulait le rapprochait du moment fatal., Le dîner était commencé. Il distinguait à l’aide de sa lorgnette, les convives attablés.. Il croyait voir les sourires,eritendre les voix des amis et leurs félicitations.. Le soleil s’était couché. Vers l’Occident des lueurs enflammées mar quaient l’endroit où il était descendu. Et des nuages épais montaient du Sud, lourds, sombres et rougeâtres, poussés par un vent qui commençait a souffler.Il s’enveloppa de son pardessus couleur feuille morte, et lentement,en se glissant d’ar bre en arbre avec des précautions infinies, il descendit vers le fond du vallon et l’entrée du parc. Il s’arrêta à la grille, prêtant l’oreille, le buste en avant, fouillant du regard les pro fondeurs des massifs qu’il avait devant lui, tremblant d’être surpris. L’heure était solennelle....