Extrait du journal

nique, les pugilats s'engagent entre ceux qui cherchent à être le plus possible en sûreté, et que, sous la poussée formidable des égarés qui veulent passer à tout prix, les plus faibles, les tout petits et les fem mes, soient bousculés au point de tomber et d'être piétines où écrasés par les autres. H faut surtout se défier des malandrins qui, par une manœuvre habile, par un cri de : » Sauve qui peut !», cherchent, pour vider les poches des affolés, à faire dégéné rer en une mêlée confuse, le légitime souci de se mettre à l'abri du danger. Dans ces conditions, la perte d'existences humaines sera réduite dans des proportions sensibles, si elle n'est pas tout à fait évitée. Il faut multiplier les abris Et maintenant, la tâche la plus urgente est la multiplication des abris. Il y en a moins de 3.000. A raison de 100 personnes par abri, ce qui est une moyenne très élevée, 300.000 Parisiens seulement sont assurés de trouver un refuge sûr hors des immeubles qu'ils habitent. C'est trop peu. Il • importerait d'aménager le plus grand nombre possible de refuges. Il faut procéder à un nouveau recensement des caves sus ceptibles de recevoir, en toute sécurité, les veisins et les passants. Les portes d'entrée des immeubles ayant un abri doivent rester ouvertes pour le nombre déterminé fixé à l'avance par la préfecture. On nous communique d'ailleurs la note officieuse suivante : L'expérience des raids d'avions ennemis sur Paris aux dates des 8 et 11 mars a permis de constater que les . caves constituent vraiment l'abri le plus sûr contre les conséquences des ex plosions des bombes ou torpilles ou des bombes incendiaires : cm. a pu remarquer que des mai sons ont été abattues presque intégrale ment, sans que leur sous-sol ait été ébranlé. Notam ment dans la catastrophe de la rue X..., les lo cataires, qui s'étaient réfugiés dans la cave, ont été indemnes et n'ont pas cessé, contrairement à certains bruits répandus dans le pulbic, de de meurer en contact avec l'extérieur. S'ils n'ont quitté plus tàt le lieu de leur refuge, c'est sur les exhortations de M. le Président de la Répu blique et de M, le sous-secrétaire d'Etat au mi nistère de l'lntérieur quif ayant pu parvenir jus qu'à eux avant la fin ite l'alerte, leur ont apporté des paroles de prudence et de patience. Il appartient donc à chaque propriétaire de s'assurer du degré suffisant de résistance des caves de son immeuble : un service compétent est dès maintenant, organisé à la préfecture de police pour formuler son avis sur la solidité des abris à la demande des propriétaires. La préfecture de police recommande aux personnes qui sortent de chez elles pour se réfugier dans les abris, de ne pas emporter avec elles des valeurs et des bijoux, de nom breux pickpockets exerçant leur industrie dans les lieux où la foule est rassemblée. D'autre part, il est recommandé aux per sonnes qui regagnent leur domicile par les rues plongées dans les ténèbres, de marcher en groupe, plusieurs agressions nocturnes ayant été signalées. Sages conseils La commission de.s abris, réunie à la pré fecture de police, en attendant la solution définitive de toutes ces questions, a déci dé, hier, de rappeler à nouveau et très ins tamment au public qu'il est indispensable de voiler, d'une façon absolue, toutes les lumières pouvant filtrer sur l'extérieur, qu'il s'agisse d'appartements, de magasins, portes-cochères, mansardes et tous autres locaux aussi bien sur les cours que sur la rue. Il est recommandé de ne pas éteindre les becs de gaz munis de chapeaux, qu'il est de tout intérêt, pour le moment, de laisser allumés pendant la durée de l'alerte....