Extrait du journal

souffert et qui souffrent encore des horreurs de la tourmente sanglante pour qu'elle soit abandonnée. Mais il y a la manière de la faire. La sienne fut et est de foi. Au milieu des tribulations d'une liquidation difficile, en dépit de l'ingratitude des principaux bénéficiaires les vaincus —, malgré la défiance excu sable de bons citoyens de son pays dont l'inquiétude patriotique peut égarer le jugement, sourd aux atta ques, aux injustices, aux violences, aux calomnies, et, quelles que fus sent les circonstances hostiles, il ne faiblit jamais, jamais il ne désespéra; même quand il put lan cer des avertissements sévères, jamais l'ouvrier ne jeta à terre, défaillant, les outils... C'est cela même que M. Hender son proclama ce matin quand, en son langage net et direct, il le salua, non seulement comme un grand homme de son pays, mais « comme un grand homme d'Etat international », et quand il exprima le vœu que M. Briand pût rester « longtemps parmi nous je cite afin de nous guider, de nous con seiller de nous inspirer ». Ce souhait suffirait à prouver que M. Henderson même s'il n'avait pris soin de le déclarer préalable ment n'a, d'aucune maniéré, voulu s'immiscer dans notre politi que intérieure et encore moins cri tiquer le choix librement fait {far l'Assemblée souveraine du Parle ment français d'un homme que d'autres titres ont porté au sommet de notre hiérarchie politique. Quant à M. Briand, lorsqu'il écouta les paroles bienfaisantes de M. Henderson, il se rappelait peut être les refus répétés qu'il opposa six mois durant aux solliciteurs qui le pressaient de se lancer dans la lice présidentielle ; si modeste soit mon témoignage, je puis l'apporter, qu'il ne désirait point l'honneur auquel on le conviait et où tout de lui-même, de ses goûts, de ses habi tudes, de son caractère, l'écartait. A connaître sa répugnance pour ce qu'on appelle strictement les hon neurs, mon amitié que je m'ef force de faire taire dans ces lignes...