Extrait du journal

L'ËXTRÉÎIE-ONCTION EN ESPAGNE. Le télégraphe espagnol, qui est bien le plus amusant des télégraphes à cause des nouvelles si fantaisistes qu'il nous expédie chaque jour, nous en apportait une ces jours derniers dont il faut tenir compte pour en rire un "brin, car elle est une des plus jolies conséquences du monstrueux accouplement de l'Eglise et de l'Etat. Un député, dont on ne disait pas le nom, interpellait le nlinistère sur un fait qui probablement lui paraissait très-grave : J'apprends, disait-il avec indignation, que Mgr X..., archevêque de..., a donné l'ordre à son clergé de refuser l'extrême-onction aux citoyens qui ont acheté les biens du clergé. C'est une indignité, c'est un abus dé pouvoir que le gouvernement ne doit pas permettre. L'assemblée est attentive. Le ministre in terpellé se lève et, au milieu d'un profond silence, répond : Ce fait n'est point venu à ma connaissance, mais s'il est vrai qu'un archevêque ait donné l'ordre dont on parle, il sera sévèrement pûni. "Vraiment I l'archevêque sera puni 1 Mais si malgré la punition il ne retire pas l'or dre qu'il a donné à ses prêtres, ou s'il con vient à ceux-ci de continuer à refuser l'extrême-onction aux acquéreurs des biens du clergé, que ferez-vous, M. le ministre de toutes les Espagnes 1 Comment vous y prendrez-vous pour obliger un prêtre à donner, malgré lui, l'extrême-onction à un moribond ? J'entends bien ! Vous dites, comme M. Emile Ollivier : Nous sommes la force ! Bon ! vous êtes la force, et puis î Placerezvous le prêtre récalcitrant entre quatre hommes et un caporal, le conduirez-vous ainsi dans la chambre du malade et, la baïonnette aux reins, l'obligerez vous à donner l'extrême-onction au pauvre diable qui n'en peut mais ? Et si le prêtre résiste, que ferez-vous î et si la famille du malade ne veut pas d'une extrême-onction donnée...