Extrait du journal

Un des faits mémorables de la dernière législature a été l'échec définitif des pro jets de rachat des chemins de fer par l'E tat. Il paraît qu'on veut renouveler sous une autre forme la campagne entreprise contre les compagnies et proposer une refonte générale des tarifs. C'est une en treprise difficile. Pour y réussir, on s'ef force d'émouvoir l'opinion en persuadant au public que le système actuel de tarifi cation est confus, arbitraire et inique. Un ingénieur en chef des ponts et chaussées, M. Brière, a examiné ces questions dans une série d'études pu bliées par la Revue des Deux-Mondes. Ce travail a été remarqué , il sera consulté avec fruit. M. Brière a rappelé les vrais principes qui régissent les tarifs. Nous allons lui emprunter quelques définitions et quelques arguments. Il existe dans toutes les compagnies un tarif stipulé par le cahier des charges, et qui contient des taxes pour la plupart élevées. Les compagnies n'ont pas le droit de percevoir plus que ces taxes, mais elles peuvent les réduire, et elles usent d'autant plus volontiers de ce droit que ces réductions leur attirent du trafic. Les taxes ainsi réduites constituent le tUrif général et concernent l'ensemble des expéditions en petite vitesse. Mais dans beaucoup de circonstances le tarif général lui-même est encore trop cher ; il nuit à l'essor de certaines indus tries et il y a utilité à lui faire subir des diminutions. Les cas où il importe d'o pérer ces diminutions varient extrême ment ; ils dépendent des besoins publics, de l'état des marchés, des courants com merciaux, des convenances des expédia teurs et des destinataires. On est ainsi amené à régler la tarification selon les espèces qui se présentent, et c'est ce qui donne ouverture à des taxes, ou plutôt à des tarifs spéciaux. Les compagnies ne consentent jamais ces tarifs comme une faveur ; le sacri fice qu'elles subissent par la diminution de leurs taxes est compensé par une con cession de la part des expéditeurs, soit qu'ils s'engagent à livrer aux gares une...