Extrait du journal

lisé sembla tout de suite le mettre de belle humeur. — Avez-vous de la chance, monsieur, d'être artiste ! Le bel état, quand on a de la jeunesse, de la santé et un bel exté rieur. L'honnête chapelier, dont Jacques .avait fait la connaissance pendant la première représentation des Cabrioles de Vannée, s'était aussi livré à de pareils déborde ments d'enthousiasme. Cette insistance de tous à vanter les charmes d'un métier où l'on crève si bien la faim, l'irritait à la lon gue, comme une plaisanterie de mauvais goût, dont on le régalait par consigne ; il ne pût s'empêcher de protester. — Le bel état; parions-en 1 Quand on est arrivé, c'est bien possible 1 Mais jen'en suis pas là* malheureusement. Ce sont des années de misère à passer, avec l'obligation d'une chemise toujours propre et d'un chapeau relativement respectable. Vous voyez les beaux côtés de la chose, vous autres, et j'ai été naïf comme vous. J'en ai vite rabattu au bout de deux mois, et je me demande ce que ça sera plus tard! Delaroche l'interrompit : — Bah I quand on est jeune, on peut bien supporter quelques petits ennuis, en vue de l'avenir. Et puis, que voulez-vous, j'ai toujours adoré les comédiens ; encore plus les comédiennes, du reste. Je leur ai tout sacrifié. H y a vingt-cinq ans, ma fa mille m'avait établi dans les papiers peints; j'ai bazardé la boite pour trimbal ler en province une troupe de comédiens errants. J'ai été imprésario, tel que vou$ me voyez. Et si les habitants de Cahors, de Béziers,de Cambrai et autres villes ont pu savourer les joies du Courrier de Lyon et de la Tour de Nesle, c'est à moi qu'ils le doivent. J'étais l'amant de Marguerite de Bourgogne, U j'assurais se? triomphes partout où nous allions. L0 fonds de pa...