Extrait du journal

IRAKCE. Paris, 16 septembre1849. Oh doit la vérité à tout le monde : ce qui a tait la fortune de l'opposition pendant dix-huit années, c'est qu'elle n'était pas forcée de conclure; elle avait accompli tous ses devoirs lors qu'elle avait protesté. Tous les ans elle protestait contre l'empe reur de Russie en faveur de la Pologne. Le pouvoir conserva teur par excellence, la chambre des pairs avait fini par s'associer elle-même à cette innocente satisfaction donnée périodiquement aux instincts nationaux. Une révolution, si improvisée qu'elle soit, si peu nécessaire qu'on la suppose, ne se fait pas impunément dans un pays. Nous admettons que la révolution de février ait été un malheur ; ce malheur a forcément apporté son enseignement et son expé rience. Ce que l'habileté du système avait accrédité d'erreurs et fait accepter d'illusions est ruiné ; il faudrait au moins d'autres -erreurs, d'autres illusions. Les vieux partis nous proposent de. revenir aux anciennes et de simuler la confiance et la foi. Ils savent, par exemple, que la banqueroute est au bout des expédiens financiers et de l'agiotage qui ont illustré le dernier règne; , ils sentent ^pourquoi on ne peut y revenir, mais ils ne veulent pas formuler le principe d'une réforme inévitable. Les vieux partis libéraux sont, depuis 1815, habitués à jouir d'une popularité facile sur des questions négatives; quand ii faut affirmer, ils se récusent. Or, il faut alfirmer aujourd'hui. Nous avons compris cette nécessité de notre temps. Nos adver saires ont essayé de nous faire payer cher notre loyauté, qu'ils ont appelée notre audace. Parce que nous ne piétinions pas .mi sérablement dans le passé qui nous fuit, ils ont répété que nous nous précipitions dans l'avenir. Nous étions avee l'expérience, et les partisans de la routine de gouvernement et d'opposition, ces deux routines qui ont amené la révolution de 1848, nous ont accusés de préférer l'innovation. Que voulons-nous? Au dehors, nous*affirmons la nécessité de certaines alliances pour notre pays ; ces alliances, nous pensons qu'elles sont plus prochaines du côté des peuples que du côté des gouvernemens ; au dedans, nous affirmons la nécessité d'une réforme financière immédiate ; cette réforme, son principe existe pour nous dans l'impôt du revenu. Que d'autres exploitent les anciens erremens d'une opposition au jour la journée ou les traditions d'un gouvernement sans souci des intérêts permanens de la nation ; nous ne faisons pas d'opposition, nous ne faisons pas de ministérialisme. L'ordre, la stabilité, exigent que le pouvoir soit national et réformateur, qu'il rattache à lui la population par le bienfait des institutions. Nous défendons l'ordre par la vérité, et la stabilité par le progrès....