Extrait du journal

LETTRE DE RUSSIE (de notre correspondant particulier) Pétcrsbourg, 2/14 mai 1897. L’incendie de Paris. Il n’est bruit, à Pétcrsbourg, que de l’in cendie tragique qui vient d’épouvanter Pa ris. Vous savez à quel point la haute société russe est parisienne de langage, et de mœurs et de goûts. Jo .ne crois pas que semblable désastre éclatant ici même eût produit chez nous une plus poignante émotion. Parmi les personnes disparues, beaucoup portaient des noms célèbres et bien connus du monde pélersbourgeois. La soudaineté et l’étrangeté de la catastrophe, dans une ville justement réputée pour l’excellence de son organisation administrative, ont de quoi doublement surprendre. L’officieux Journal de Saint-Pétersbourg, organe attitré du ministère des affaires étrangères, con sacre toute sa première page à ce tragique événement. Plus chaleureux encore est son homonyme rédigé en langue russe, le Peterbourgski Vedomosli. Je ne puis résister au douloureux plaisir de citer ses paroles à vos lecteurs : Manifestation de la presse « Sachez, Français, que tous les cœurs russes ressentent bien vivement la douleur etc la France. Ils la ressentent d’abord par suite de la vive amitié que nous portons tous au peuple français ; mais encore et surtout parce que nous savons recon naître les rares qualités de votre peuple, parce que nous le comprenons, parce que nous l’aimons. L’intérêt politique n’est pas l’unique lien des deux nations, mais bien plutôt leurs qualités généreuses, que chacune d’elles sait apprécier chez l’autre. Toute la Russie partage la douleur du peu ple français et s’apitoie sur les victimes. Quelles étaient ces victimes? Des républi cains ou des monarchistes? Des catholi ques ou des ennemis du clergé? Peu nous importe 1 Ces victimes étaient françaises, elles aimaient la France. Cela nous suffit. Pleurons la mort de ces enfants de la France, notre grande amie. » Par ce simple extrait du journal popu...