Extrait du journal

siastique de nos jours, admirablement mise en pratique d’ailleurs dans le dé.bat sur .renseignement supérieur, se réduit aux deux règles de conduite sui vantes : ^ 1° Faire appel aux sentiments libé raux et généreux du public ainsi qu’à l’esprit reconnu de nos institutions mo dernes ; 2° Obtenir ainsi les moyens de fonder des établissements et de faire une pro pagande au moyen desquels on arrivera à supprimer un jour, la liberté même, dont on a fait l’éloge lorsqu’on en avait besoin, et qui a servi d’instrument pour toute cette sainte entreprise. Remarquez bien, je vous prie, que je n’entends nullement nier le droit des croyants d’en agir ainsi ; il est évident que ie propre de la liberté est de four nir des armes à ceux-là mêmes qui La redoutent ou qui la détestent. Mais ce dont je me plains, c’est que la lutte del’Eglise contre la société moderne ne soit pas conduite avec toute la moralité qu’on serait en droit d’attendre, c’est que la discussion de l’épiscopat s’abrite sous des ambiguïtés. La fameuse formule de la liberté du bien,'n’est, en effet, qu’une équivoque, et une équivoque coupable, parce qu’elle est volontaire. Il n’y a de liberté de conscience ou d’opinion que là où il est permis de choisir entre deux manières de voir, comme il n’y aliberté d’action que là où il ya choix entre deux partis à suivre. Parler de liberté, quand on prétend nous imposer, au nom d’une autorité, divine ou humaine, peu importe, ce que nous devrons croire, enseigner et faire, c’est jongler avec les mots. La liberté, ne craignons pas de le dire, implique le droit de se tromper, autrement, ce ne serait pas la liberté. Ou plutôt, et pour aller jusqu’au fond des choses, la liberté repose sur ce principe que la vérité est affaire de ju gement individuel, que j’ai autant de droit à mon opinion'que mon voisin à la sieühe ; bref, que la vérité n’existe point sur la terre à l’état de denrée contrôlée, autorisée, étiquetée, et que tout le monde peut se procurer en . s’adressant au bon endroit, mais que, semblable à toutes les choses humaines, elle est incertaine, variable, affaire de contradiction et de lente conquête. On peut trouver fâcheux qu’il en soit ainsi, mais cela n’ÿ change rien, et il est bien vain ' de se révolter, contre les condi tions de l’humanité. Vous voyez ce qui est en. cause dans ces débats récents de l’Assemblée, dans le bref du pape, dans les agitations dont notre pays souffre, sans bien se rendre compte de ce qui le travaille. Il s’agit de savoir s’il y a une autorité ensei gnante et infaillible sur la terre ; — je me trompe : il s’agit de savoir, si cette autorité parviendra de nouveau à se faire reconnaître, à devenir le principe de notre droit public, et par conséquent à supprimer nos libertés civiles et poli tiques. Nous assistons à une tentative de restauration théocratique, et il ne faut pas trop s’en étonner, car il est de l’essence de la foi aux vérités absolues de cliercherà s’imposer. ....