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Le Temps, 5 janvier 1894

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Le Temps
5 janvier 1894


Extrait du journal

toute la chance, et d’autres qui n’en ont au cune... — Est-ce que vous seriez envieux? demanda la jeune fille avec un peu de moquerie. — Pas le moins du monde! Mais je constate un fait si banal, que cela n’en vaudrait pas la peine, si... Enfin il y a des gensqui n’ontaucune chance ; alors, ce n’est pas la peine de faire quelque chose pour eux, n’est-ce pas, puisque cela ne doit leur servir.à rien ? Tenez, moi, par exemple... Il s’arrêta, car il avait peur que sa voix ne tremblât ; mordant sa moustache, il se lut un instant, puis reprit. Annette l’écoutait avec tant d’attention qu’elle n’avait pas fait le moindre mouvement. — Moi, je suis un enragé ; touMe monde sait cela : un « koutioje », un mauvais sujet, enfin ! Eh bien, si quelqu’un, quelqu’un de mérite, s’inté ressait à moi, est-ce que ce ne serait pas un vrai péché? A quoi cela pourrait-il servir? A rien du tout, qu’à causer de l’ennui et des désa gréments à la personne do mérite... qui, bien sûr, est digne de beaucoup mieux... 11 s’arrêta encore; Annette restait immobile. — Est-ce que je peux me marier, moi ? Est-ce que je dois me marier? Si j’épousais une bête, passe encore, ou une méchante femme, pour la punir... Mais ça ne la punirait pas, parce que les méchantes femmes, rien n’y fait. Epouser une bonne et honnête jeune fille et faire son malheur... car si elle avait pour moi un peu d’intérêt, ou même seulement de pitié, je ferais son malheur... Non, voyez-vous, je ne mérite pas qu’on s’intéresse à moi. Sa voix était ferme, quoiqu’il fût extrême ment pâle ; Annette tenait les yeux baissés, évi tant de le regarder. — Tantôt, en venant, reprit-il, la comtesse Chévensky essayait de me catéchiser ; elle v a bientôt renoncé ; elle me connaît, elle ! Elle n’a pas d’illusions sur mon compte. Elle sait bien que je ne vaux pas la peine... non, je ne vaux pas la peine... Si Yous saviez quel vaurien je suis 1....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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