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Le Temps, 9 octobre 1895

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Le Temps
9 octobre 1895


Extrait du journal

PASTEUR ET UES UNIVERSITÉS C’était en 1871.au lendemain de nos désastres et à la veille de la Commune. Pasteur était à Lyon et se livrait à de douloureuses méditations sur les causes de nos défaites. Pourquoi la France, se demandait-il, n’a-t-elle pas trouvé, au moment du péril, d’hommes supérieurs pour mettre en œuvre ses ressources, organiser ses forces et diriger le courage de ses enfants ? Il adressa le résultat de ses réflexions au Salut public, de Lyon, qui les publia en deux articles qu’il réédite aujourd’hui. Il est intéressant de constater quels étaient alors les vœux du grand savant, ce que dans ces vingt-cinq dernières an nées la République a fait pour y répondre et ce qui reste encore à faire. La principale cause de la pénurié d’hommes supérieurs où la France s’est trouvée, Pasteur la voit dans ce fait que la France, depuis près d’un demi-siècle et surtout sous le second em pire, s'était désintéressée des grands travaux de la pensée scientifique et n’avait eu ni le souci ni les moyens d’organiser un enseignement supé rieur vivant, large et fécond. Le gouvernement se défiait dé la science libre. Les ministres n’a vaient que du dédain pour ce qu’ils appelaient les théories abstraites ; ils ne voulaient encou rager que les « sciences appliquées ». Les dépu tés et les sénateurs ne s’intéressaient qu’à l’en seignement primaire et secondaire, et, dans nos Facultés isolées, misérables, stériles, ne voyaient •et ne voulaient voir que des écoles profession nelles. Un positivisme mesquinement utilitaire avait tari les sources mêmes de l’invention scientifique et, par conséquent, du progrès. Le Muséum d’histoire naturelle et l’Ecole polytech nique ne faisaient plus de savants. Dans l’un, il n’y avait que peu ou point d’élèves ; de l’autre ne sortaient plus que des ingénieurs. Avec quelle vigueur Pasteur, qu'on n’accusera pas de mépriser les applications de la science, montre que ces applications ne naissent que de la recherche désintéressée et libre de la vérité dans tous les domaines 1 La vraie science est comme une femme jalouse et qui veut être aimée pour elle-même. Elle n’est féconde que pour celui qui l’embrasse et l’adore pour sa seule beauté. Chercher autre chose que la vérité en science, c’est d’abord ne pas trou ver la vérité, et c’est manquer ensuite ces au tres bénéfices que l’on poursuivait avant elle. Il en est de même pour la prospérité et l’effica cité de l'enseignement primaire et secondaire. Ce sont des ruisseaux qui ne fécondent les plaines et les vallées que s’ils sont alimentés, au point de vue des idées, de la méthode et de l’esprit, par les hautes sources qui jaillissent des. cimes mêmes de l’enseignement supérieur. La première chose à faire, concluait Pasteur, c’est de réorganiser celui-ci; c’est de créer des universités, c’est-à-dire des loyers de vie scien...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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