Extrait du journal

X— (Suite) -Quant à Boldwood, il s’en retournait de son côté parfaitement ensorcelé. A vrai dire, le mal était déjà fait à moitié avant même qu’il eût vu Barbara. Si elle avait pu se douter que la graine jetée par elle avec tant d’insouciance tom berait dans une terre aussi fertile, si elle avait connu les dispositions de Boldwood ou seule ment une faible partie des capacités de cet homme pour le bien et pour le mal, elle aurait frémi à l’idée de la responsabilité encourue. Heureusement pour sa tranquillité présente, elle ne savait rien de ce caractère que d’ailleurs peu de gens connaissaient, et son sommeil fut cette nuit-là aussi paisible que celui du fermier fut agité. Quelques semaines s’écoulèrent. Un matin, comme Boldwood errait dans les champs, ses pas le portèrent dans, la direction où allaient toutes ses pensées et, franchissant la clôture, il se trouva dans une prairie dépendante delà Ferme supérieure. On était aux premiers jours de printemps. L’aigre vent d’est avait soudain sauté au sud ; tout à coup les jeunes pousses, les bourgeons se montraient et, sous le manteau disparu de la neige, l’herbe tendre révélait son vert tapis. A l extrémité de la prairie, au delà d’une seconde naie, le fermier distingua trois-formes humaines, et l’instinct de son cœur lui dit que celle Reproduction interdite»...